Equité
Par Sadek Sahraoui – Le projet de loi de finances complémentaire sur lequel planche actuellement le gouvernement laisse un sentiment mitigé. Si personne ne peut remettre en cause la pertinence de la proposition d’instaurer un droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) applicable aux importations de produits de luxe, surtout qu’elle est destinée à protéger autant le consommateur que la production nationale, il reste que l’augmentation des coûts de certains services assurés par les administrations publiques (délivrance de passeports, cartes d’identité, cartes grises, etc.) paraît, par contre, contestable.
Il semble qu’à ce niveau le gouvernement ait choisi la solution de facilité pour renflouer les caisses du Trésor. Eu égard à l’inflation et à la chute vertigineuse du pouvoir d’achat de larges franges de la population, tout le monde s’attendait, en effet, à ce que le ministère des Finances fasse preuve de plus d’imagination, surtout que les alternatives existent. Elles sont, certes, plus difficiles à mettre en œuvre mais elles existent réellement.
Pourquoi, en effet, le département dirigé par Abderrahmane Raouia s’est-il empressé de préconiser à Ahmed Ouyahia de ponctionner davantage les bourses des contribuables qui s’acquittent déjà d’un impôt sur le revenu global pour le moins élevé alors qu’il aurait été plus simple pour lui d’aller chercher de l’argent dans la sphère informelle ? Il n’y a pas un Algérien qui n’aurait pas soutenu l’idée, surtout que tout le monde sait que le marché noir brasse beaucoup d’argent.
Il aurait été plus judicieux également que le gouvernement renforce sa lutte contre le phénomène de l’évasion fiscale dont les propensions restent importantes. Or, tous ces éléments n’apparaissent pas clairement dans ce projet de loi de finances dont on devine que les objectifs sont, bien évidemment, de pallier la chute des prix du pétrole et donc d’augmenter l’assiette de la fiscalité ordinaire.
En recourant systématiquement à la mise en place de nouvelles taxes ou à l’augmentation des taxes existantes, le gouvernement fait naître chez les contribuables sérieux, c’est-à-dire les citoyens chez qui l’Etat prélève l’IRG à la source, un sentiment d’injustice. Cette manière de faire consiste aussi à donner une sorte de prime à la fraude. Il semble qui si l’Etat veut vraiment susciter une réelle adhésion autour de sa politique d’austérité, il est impérieux pour lui de faire en sorte que tout le monde soit égal devant l’impôt. Pour l’heure, ce n’est pas vraiment le cas.
S. S.
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