Débat en danger

débat hors cadre institutionnel
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia fait l’objet d’une campagne féroce et débridée sur la Toile. New Press

Par R. Mahmoudi – Des appels au boycott de certains produits et, récemment encore, de certains documents administratifs, aux demandes d’annulation de concerts de musique jugés «attentatoires à la morale», en passant par cette campagne féroce et débridée contre la personne du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le débat public dans notre pays tend à sortir du cadre institutionnel et organisé et à s’enfermer dangereusement dans l’espace virtuel des réseaux sociaux.

D’aucuns diront que cette tendance est en soi un signe que les institutions (étatiques, partisanes, associatives…) ne jouent plus leur rôle et qu’elles sont définitivement dépassées par les nouvelles réalités de la société. Aujourd’hui, des leaders d’opinion et des militants politiques préfèrent intervenir à travers des pages anonymes sur Facebook que dans des conférences ou des actions publiques qui ne sont plus suivies et n’ont plus d’impact sur l’opinion. Or, ils ne sont pas sans savoir que ce recours abusif aux réseaux sociaux est souvent porteur de dérives qui, au final, ne profitent qu’aux plus aventuriers, aux plus extrémistes qui ont l’habitude de nager dans les eaux troubles.

Beaucoup d’indices montrent, en effet, que les plus actifs dans cette offensive cybernétique sont, comme d’habitude, les islamistes. Les formules choc, les jeux de la victimisation accompagnés d’appels à la sédition («Un peuple qui a donné un million et demi de martyrs peut-il accepter de payer sa carté d’identité !») et de la moralisation (contre une soirée musicale avec des chanteurs «homosexuels») portent bien leur empreinte. Le succès que reçoivent toutes ces campagnes prouve que les cyberactivistes islamistes gardent encore une capacité de nuisance non négligeable qui peut servir, dans le flou qui entoure les futures échéances électorales, bien des calculs.

R. M.

Comment (10)

    Anonyme
    29 mai 2018 - 14 h 22 min

    Qui est responsable du pourrissement de cette situation?Y’a- t-il un seul parti qui représente le peuple? WALOU!Tous les canaux à la libre expression sont verrouillés. Et qui voudrait ou pourrait débattre avec des politiques béni ouiouistes et langue de bois? Qui veut d’un Ould Abbes? PERSONNE!
    Ces réactions sur le net ne sont que le pur fruit de la politique d’enfermement dans lequel le peuple et sa jeunesse sont confinés. Une boite à sardines, pour 40 millions d’habitants. Ce pouvoir a bousillé la jeunesse algérienne en l’ignorant royalement, alors qu’elle est la force vive de ce pays. Les jeunes Algériens sont vifs, intelligents,innovants, et ils ne demandent qu’à être au diapason de la jeunesse mondiale, et à contribuer à l’édification du pays.
    Qui est entrain de tirer notre pétrole au sud? Des jeunes avec des capacités extraordinaires formés par des formateurs Algériens,et qui ont appris à gérer des centaines de travailleurs, souvent plus âgés qu’eux! Qui est aux frontières à veiller sur le pays? Des jeunes militaires Algériens,formés dans des académies militaires purement algériennes. Le pays recèle de cette capacité humaine, mais malheureusement, elle est mise au chômage,ou totalement ignorée. Alors forcément les réseaux sociaux explosent. Les islamistes guettent dans l’ombre,et le pouvoir persiste dans sa sa politique d’autiste.
    Mā3za Wa Laouw Taret!
    Alors encaissez!

    Zaatar
    29 mai 2018 - 10 h 48 min

    Et puis à la fin, c’est « RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER ».

    Anonyme
    29 mai 2018 - 1 h 17 min

    Le pouvoir à fermé toutes les portes de débats. Ouyzhia parle tout seul,ould Abbas parle tout seul..et les benbitour lalmas ferhat ait Ali n’ont que quelques journaux pour s’exprimer. Le pouvoir interdit les télés indépendants favorisé ennahar et autres télés inféodées. Le pouvoir à leur des débats car il veut imposer son point de vue. Pourquoi meme sur des sujets économiques ce pouvoir fuit le debat? Pourquoi les télés publiques ou inféodées n’organisent pas des débats en direct entre c experts de l’opposition et les chantres du pouvoir? Sur ce gaz de shit,les subventions,les obstacles aux investissements??? Des tas de sujets à débattre,mais un ould Abbas est il capable d’affronter sofiane djilali?

    MELLO
    28 mai 2018 - 16 h 41 min

    Lorsque le peuple, ce qui reste du peuple, est de plus en plus abandonné, il est dans la normalité que le débat en son sein ,passe en seconde zone. La structure pyramidale de ce système impose un régime de directives et un ensemble de lois qui verrouille toute forme de débats. Les espaces publics existants, aussi réduits soient ils, sont de plus en plus fermés et interdits d’accueillir ces quelques têtes pensantes qui pouvaient éveiller les consciences. Le débat, dans la nature même de l’Algérien, reste absent et/où inexistant , et si débat il y a ,il débouche sur des cris et des vociférations à l’avantage du plus fort, et le plus fort c’est ce pouvoir qui décide de tout et pour tout. Alors où est le débat ?

      Anonyme
      28 mai 2018 - 21 h 02 min

      En quelques mots , tu as tout dit. Le débat ne fait pas partie de notre culture.

    Felfel Har
    28 mai 2018 - 14 h 13 min

    Un débat productif et efficace suppose la présentation d’idées/d’arguments dans un climat serein et apaisé suivie d’une discussion civile et courtoise. C’est loin d’être le cas au sein de la société civile! La passion l’emporte sur la raison, la rationnalité. Certains croient encore que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le dialogue de sourds ne conduit à rien de durable et pérenne et la société entière piétine et périclite. Qui se rappelle de cette blague qu’a racontée Fernand Reynaut lors d’un de ses galas à Alger? Deux voisins, durs de la feuille, se saluent dans la rue:
    -Bonjour! Vous allez à la pêche?
    -Non! Je vais à la pêche.
    -Ah bon, je croyais que vous alliez à la pêche.

    Abou Stroff
    28 mai 2018 - 8 h 52 min

    « Débat en danger » titre R. M..
    pour que le débat puisse être en danger, ne faut il pas qu’il y ait ou qu’il y ait eu débat?
    or, jusqu’à preuve du contraire, il n’y a jamais eu de débat pour la simple raison qu’un débat suppose l’existence préalable d’intérêts contradictoires reflétant des intérêts de classe différenciés et clairement identifiés. or, dans un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, il n’y a ni classes sociales, ni intérêts de classe à défendre. en effet dans le dit système, il n’y a (en caricaturant un petit chwiya) que les rentiers du système (ceux qui monopolisent la distribution de la rente et s’enrichissent, par la même occasion), d’une part et les tubes digestifs ambulants qui reçoivent des miettes de rente des premiers, d’autre part. les premiers s’enrichissent (ne pas confondre enrichissement et accumulation du capital) grâce à leur proximité du robinet de la rente tandis que les seconds réduits à des êtres amorphes attendent des premiers qu’ils soient alimentés.
    cet état des lieux fait qu’il est tout à fait improbable, pour ne pas dire impossible qu’un quelconque débat (contradictoire) puisse avoir lieu entre les rentiers du système et les tubes digestifs ambulants qu’ils (les rentiers) alimentent.
    on peut, à la rigueur, envisager un débat au sein des couches rentières, qui dominent le système, pour un partage plus équitable de la rente*, mais ce type de débat n’a pas pour vocation de dépasser le système en place mais simplement de le réaménager.
    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part le fait que la marabunta qui nous gouverne et la vermine islamiste ne sont, dans les faits et contrairement aux apparences, que les deux faces d’un même pôle (le pôle des rentiers du système). en d’autres termes, le seul différent qui tient lieu de débat et qui nous tient en haleine est le « débat » entre la marabunta et la vermine qui se réduit à trouver les instruments les plus appropriés pour cadenasser tout débat qui remettrait en cause le système rentier dans son entièreté.
    * je pense que la décennie dite noire peut être interprétée comme la révolte de certaines couches rentières arborant le drapeau de la religion contre d’autres couches rentières arborant le drapeau du nationalisme en vue d’une meilleur partage de la rente au profit des premières. d’ailleurs, dès que la marabunta a « offert » (grâce à la réconciliation à la boutef) à la vermine le contrôle des commerces formel et informel, le « débat » entre la marabunta et la vermine s’est arrêté et la prédation sous différentes formes s’est amplifiée (accentuant ainsi les caractéristiques intrinsèques du système rentier).

      Zaatar
      28 mai 2018 - 9 h 26 min

      Bonjour Abou Stroff,

      C’est ce que j’aurais écrit dans mon intervention. Tu l’as fait avant donc inutile de faire bis….

    Anonyme
    28 mai 2018 - 7 h 13 min

    Le pouvoir en panne d imagination a ferme les canaux de la libre expression . Les hommes libres se sont tourne vers les réseaux sociaux . Et puis ce ne sont pas que les islamistes qui s expriment sur les réseaux sociaux ; la majorité silencieuse a trouve sa place et décortique les insuffisances et les dérives des annexes du pouvoir et maintenant ils le dénoncent haut et fort et souvent humoristique ! ils disent au pouvoir  » vous avez l entv et ennahar nous on a le choix en qualité et en quantité  » les internautes algeriens ont dépassé les hommes du système en imagination et c est difficile au au pouvoir de rattraper ce retard qu a une condition libérer l expression en Algérie et non la caporaliser avec des arrieres pensées périmées ! la jeunesse algerien est plus dynamique que des khobsistes retraitables en retard d une guerre sur le monde en pleine mutation !

    Anonyme
    28 mai 2018 - 1 h 58 min

    Les réseaux sociaux sont utilisés par les sionistes et leurs sbires assermentés dans des pays comme l’Iran entre autres pour essayer de déstabiliser le pays et créer des troubles d’ailleurs récemment un article à appeler à ne plus utiliser le réseau social qui profite à qui l’on sait.
    Concernant ce chanteur, savoir si le boycott est lié uniquement à lui sa personne ou à la musique tout court pendant le mois du Ramadhan. Je m’étonne que l’on en arrive à de telles dérives (en France c’est l’inverse les juifs les homosexuels etc ont pignon sur rue et ceux qui ont une pensée différente se font boycotter à tous les niveaux). Je me demande si la programmation de cet artiste en plein mois sacré n’était pas délibérée pour provoquer ce type de débordement….un calcul politicien (pas de l’État mais des opposants fauteurs de trouble et de déstabilisation) histoire de mettre de l’huile sur le feu.

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