Taxes et calculs
Par R. Mahmoudi – Le président de la République va réunir, ce jeudi, le Conseil des ministres après un report de deux semaines qui semble largement suffisant pour le décider à trancher enfin sur ce fameux avant-projet de loi de finances complémentaire qui fait polémique et suscite une vraie colère populaire, alors que rien n’a été, jusqu’ici, rendu public officiellement.
Le Président va-t-il, encore une fois, écouter la vox populi (la voix du peuple), en ordonnant, à cette occasion, la réduction ou carrément la suppression de certaines taxes envisagées, notamment celles relatives aux documents administratifs biométriques qui exaspèrent tant les Algériens ? Tout le laisse penser. Le contraire provoquerait la rupture. Rupture, d’abord, avec un contrat social qui se reconstruit lentement et péniblement.
Il faut dire que le gouvernement, à sa tête le ministre de l’Intérieur (c’est bien lui qui, à défaut, représente aujourd’hui l’Exécutif), a si mal défendu l’avant-projet en question devant l’opinion publique qu’il lui faut accepter une remise en cause aussi humiliante. Bedoui a été tourné en dérision par les médias et les internautes qui lui ont démontré, preuve à l’appui, l’inanité des arguments qu’il a avancés pour justifier ces nouvelles taxes. Même la presse internationale s’en est emparée pour enfoncer davantage le gouvernement algérien, dont ce n’est pas la première maladresse en matière de communication.
Du coup, le chef de l’Etat peut en profiter pour consolider sa popularité à l’approche du grand rendez-vous de 2019, au détriment d’un gouvernement assumant seul les décisions les plus impopulaires. C’est même à se demander si tout avait été mis en place pour que le Président apparaisse, in fine, en sauveur et en défenseur du petit peuple face à une oligarchie «si cupide» et peu soucieuse des intérêts des couches les plus défavorisées.
R. M.
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