Populisme
Par Sadek Sahraoui – Plus la date fatidique de l’élection présidentielle d’avril 2019 approche, plus les partis se lâchent et s’adonnent à des surenchères politiques qui ont pour effet de déteindre négativement sur le bon fonctionnement des institutions du pays. Le constat vaut surtout lorsque ces surenchères sont le fait de formations politiques au pouvoir, comme c’est le cas du FLN et du RND. Exemple ! Les chefs de ces deux partis se livrent à un combat à fleuret moucheté sur la question des terres agricoles et particulièrement sur le sujet de l’octroi de concessions au profit d’opérateurs étrangers, qui vire carrément au populisme.
Bien évidemment, il ne s’agit nullement ici de défendre «X» contre «Y» ou de faire l’apologie de telle idéologie au détriment d’une autre. Notre propos est juste de montrer à quel point la politique ou plus précisément des enjeux politiques du moment peuvent parfois aller à contresens des intérêts économiques du pays. Ainsi va-t-il, nous semble-t-il, de l’opposition frontale du secrétaire général du FLN à la proposition du gouvernement d’ouvrir l’accès du secteur agricole aux investisseurs étrangers.
Le refus du FLN est difficile à comprendre, surtout à un moment où le discours officiel de l’Etat est centré sur la nécessité de réduire la dépendance du pays vis-à-vis du pétrole, de diversifier les sources de revenus et de mettre davantage en valeur les autres secteurs de production, tel celui de l’agriculture. Dans son argumentaire, Djamel Ould-Abbès fait comme si le gouvernement avait décidé de brader les terres agricoles du pays, ce qui est loin d’être le cas. Il est même possible de déceler une certaine propension à assimiler tout projet d’ouverture du secteur de l’agriculture au privé étranger à une suprême trahison et de faire oublier que d’autres secteurs aussi stratégiques l’ont été depuis bien longtemps.
On pense bien entendu aux secteurs des hydrocarbures, de l’eau ou de l’industrie. Et encore, il n’était pas dans l’intention du gouvernement d’offrir le secteur de l’agriculture sur un plateau au capital international, comme c’est dit ici et là. Il s’agissait d’octroyer des concessions pour des durées déterminées et sur la base d’un cahier des charges clair. C’est grâce à ce procédé que certains pays n’ayant aucune vocation agricole ont réduit leur dépendance alimentaire et sont devenus même des producteurs de toutes sortes de produits, des produits qui se retrouvent aujourd’hui sur les étals de nos supermarchés. Et le premier d’entre ces produits est la poudre de lait saoudienne. Qui l’eut cru !
S. S.
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