Amnesty accuse : «Les Etats-Unis ont détruit Raqqa pour libérer Daech»
Par Lina S. – Amnesty International a accusé la coalition conduite par les Etats-Unis d’avoir détruit la ville syrienne de Raqqa pour libérer les terroristes de Daech et les sauver de l’éradication par l’armée syrienne. «Les habitants ne comprennent pas pourquoi les forces de la coalition menée par les Etats-Unis ont détruit la ville, tuant des centaines de civils, dans le but de la libérer du groupe armé se désignant sous le nom d’Etat islamique», a dénoncé Amnesty International dans un nouveau rapport publié à la veille du premier anniversaire du lancement de cette offensive.
Les chercheurs de l’organisation se sont rendus sur 42 sites touchés par des frappes aériennes de la coalition aux quatre coins de la ville dévastée et ont interrogé 112 habitants ayant survécu au carnage et perdu des proches.
Les récits détaillés figurent dans le rapport Syrie. La «guerre d’anéantissement», qui a fait des ravages parmi la population civile de Raqqa, met sérieusement à mal les affirmations répétées de la coalition, selon lesquelles ses forces ont fait le nécessaire pour limiter au maximum les pertes civiles. Ce rapport donne quatre exemples emblématiques de familles civiles qui ont été lourdement touchées par les bombardements aériens incessants. A elles quatre, elles ont perdu 90 proches et voisins – dont 39 d’une même famille –, presque tous tués par des frappes de la coalition.
Ces cas sont loin d’être isolés et prouvent clairement que de nombreuses attaques de la coalition ayant fait des morts et des blessés parmi les civils et détruit des habitations et des infrastructures ont bafoué le droit international humanitaire, souligne Amnesty International.
Les forces américaines, britanniques et françaises de la coalition ont conduit des dizaines de milliers de frappes aériennes et les forces américaines ont reconnu avoir procédé à 35 000 tirs d’artillerie pendant l’offensive sur Raqqa. Plus de 90% des frappes aériennes ont été menées par les forces américaines.
«Un haut responsable militaire américain a déclaré que jamais autant d’obus n’avaient été tirés sur un même lieu depuis la guerre du Viêt-Nam. Les tirs d’obus n’étant précis qu’à 100 mètres près, il n’est pas étonnant que les victimes civiles aient été si nombreuses», affirme l’ONG, qui précise que «les frappes de la coalition décrites dans le rapport ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres. Des preuves solides montrent que les frappes aériennes et les tirs d’artillerie de la coalition ont tué et blessé des milliers de civils, touchés notamment par des attaques disproportionnées ou aveugles qui sont contraires au droit international humanitaire et pourraient constituer des crimes de guerre».
L. S.
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