Le MAK fait machine arrière et dément avoir appelé à prendre les armes
Six jours après l’ubuesque déclaration du chef du MAK, Ferhat Mehenni, appelant clairement à la création d’«un corps de contrainte» en Kabylie devant se charger de la sécurité de la population et se substituer aux forces de sécurité régulières, cette instante autoproclamée «Gouvernement provisoire kabyle» a diffusé une «mise au point» sur son site organique, et signé par son porte-parole, dans laquelle celle-ci nie en bloc toute intention de créer des milices armées, en pointant «les milieux politiques antikabyles» d’avoir sur-interprété le propos de Ferhat Mehenni et de «lui avoir fait dire ce qu’il n’a pas dit». Le porte-parole annonce que son président interviendra dimanche pour «expliciter» son appel et «remettre les pendules à l’heure».
Pour les rédacteurs de cette déclaration, «un corps de contrainte» ne signifie nullement une force armée mais ils tombent dans une contradiction flagrante. Qu’on en juge ! «Ce corps de protection, de contrainte ou de sécurité, indique le document du MAK, ne sera pas armé mais disposera de moyens pour aussi bien porter secours aux victimes d’arbitraire, de terrorisme ou de harcèlement policier que de persuader tout le monde de respecter l’autorité du MAK et de l’Anavad». La question qui se pose d’elle-même : avec quoi, quels moyens, un groupe de personnes ou de militants peut «persuader tout le monde» (comprendre les forces de sécurité ayant le monopole du port d’arme) de respecter sa présumée autorité, si ce n’est avec des armes, de préférence à feu, sinon blanches ?
L’argument avancé selon lequel la Kabylie «a toujours eu un système de sécurité et de vigilance, en temps de tensions et de menaces étrangères» n’exonère pas ses auteurs de leur intention criminelle, qui est de voir s’installer en Kabylie des groupes armés. Car, la seule fois où les habitants de cette région, notamment dans les compagnes, ont réellement constitué des groupes d’autodéfense, c’était durant les années 1990 pour se protéger contre les exactions des groupes islamistes armés. Certains de ces groupes de vigilance ont d’ailleurs fini par être encadrés par l’ANP.
Pendant les années du «printemps noir» (2001-2003), et face à l’absence des forces de sécurité, dont certaines ont été contraintes de se redéployer, des «comités de vigilance» ont été créés par les habitants de certains villages de Kabylie pour protéger leurs quartiers contre les délinquants. Deux situations qui n’ont absolument rien à voir avec ce tableau obscurcissant que brosse le MAK.
Le porte-parole de cette organisation s’enfonce davantage lorsqu’il veut encore justifier le besoin d’«un corps de sécurité et de protection» en Kabylie aujourd’hui, en prétendant qu’«il serait criminel de notre part de laisser la Kabylie sombrer dans le chaos», dès lors que «tous les observateurs politiques internationaux le prédisent à la mort de Bouteflika».
K. M.
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