Les sites de vente en ligne conquièrent la toile en Algérie
Les sites de e-commerce en Algérie se sont multipliés ces dernières années, notamment depuis le lancement de la 3G en 2014 et 4G en 2016 et, tout récemment, la promulgation d’un texte de loi encadrant ce marché, qui attire de plus en plus les citoyens vers ce mode de transactions jugé «aisé».
En effet, le développement constant des technologies numériques dans le pays a touché bien des secteurs, y compris celui du commerce, qui a vu depuis le début des années 2010 une prolifération de sites de vente en ligne, lancés par des pure players (des commerçants exerçant leurs activités uniquement sur Internet).
Le déploiement du très haut débit fixe et mobile, à travers la 3G et la 4G (plus de 34,5 millions d’abonnés à l’internet en 2017), a «grandement» contribué au lancement de dizaines de sites de vente en ligne en Algérie.
Selon des experts, la démocratisation de l’internet dans le pays est une condition sine qua non du succès de ce type de transactions qui s’effectue via PC ou Smartphone.
La promulgation de la loi relative au commerce électronique en avril 2018, une législation tant attendue par l’ensemble des acteurs du secteur devra également propulser encore plus ce domaine. Ce nouveau texte législatif recadre ainsi ce marché à travers plusieurs dispositions permettant d’assurer la sécurité du e-commerce tout en définissant les obligations des fournisseurs et des consommateurs.
Le texte, qui conditionne l’exercice du e-commerce par l’inscription au registre du commerce, définit les informations qui doivent accompagner l’offre commerciale électronique (identification fiscale, adresse, numéro de téléphone, numéro du registre du commerce, garantie commerciale…).
La commande d’un produit ou d’un service passe ainsi par trois étapes obligatoires : la mise à disposition du e-consommateur des conditions contractuelles, la vérification des détails de la commande par ce dernier et la confirmation de la commande qui conduit à la formation du contrat.
Il est relevé, par ailleurs, que la multiplication de cartes électroniques interbancaires en Algérie, comme les cartes CIB et Edahabia lancée récemment par Algérie Poste, devrait permettre aussi la multiplication des transactions financières en ligne, estiment, pour leur part, des gérants de sites marchands.
Toutefois, les acteurs activant dans ce domaine n’ont pas attendu toutes ces dispositions pour conquérir le web ; ils se sont lancés dès le début des années 2010 en créant des sites de vente en ligne, voyant en ce nouveau créneau un marché «lucratif». Le secteur s’est ainsi progressivement professionnalisé sous l’impulsion d’entrepreneurs qui ont d’emblée misé sur une croissance rapide de ce nouveau marché une fois les contraintes technologiques et législatives levées.
Des sites de vente en ligne de produits de toutes sortes allant de l’alimentaire, l’habillement et l’art et déco, à l’électroménager, l’électronique et les services, ont ainsi vu le jour à l’image de Jumia.dz, Batolis.com, Vendita-dz.com, eChrily.com, Zawwali.com, Eshop.dz et Guiddini.dz.
Il faut savoir qu’un site de vente en ligne est un magasin virtuel qui peut être généraliste (proposant divers produits) ou spécialisé (dans l’électronique par exemple), et dont les transactions sont garanties à la différence des sites d’annonces comme ouedkniss.com, Dlalaonline.com et Vitamine.dz où les transactions se font entre des citoyens ou entre un citoyen et un magasin par téléphone pour la vente ou l’achat de produits, des biens immobiliers ou des véhicules.
L’achat en ligne entre progressivement dans les mœurs des Algériens
Le consommateur algérien s’est intéressé progressivement à ce nouveau mode de transactions, en optant de plus en plus pour la commande des produits ou des services via le web, évitant ainsi les aléas de la vie quotidienne telle que la circulation, le problème de stationnement et le manque de temps, explique à l’APS un spécialiste en TIC, Samir Bouazabia, pour qui utiliser l’internet pour faire ses achats, son shopping, payer ses factures, ou commander un chauffeur, un repas ou un plombier «entre de façon graduelle dans les mœurs des Algériens».
Il est relevé, toutefois, que les transactions financières en ligne en Algérie ne s’effectuent actuellement que pour le paiement des factures téléphoniques, d’électricité, du gaz et de l’eau, ainsi que pour certains autres services comme les assurances et le transport. En 2017, quelque 100.000 paiements électroniques ont été effectués pour le règlement des factures, alors que le règlement par cash continue à prédominer, selon un responsable du Groupement d’intérêt économique de la monétique, Madjid Messaoudène.
L’absence, durant des années, d’une législation encadrant et sécurisant ce marché, ainsi que le manque d’utilisation des cartes interbancaires par les Algériens, a incité les web marchands algériens à proposer d’autres alternatives, en l’occurrence le paiement de la commande à la livraison en espèces, par carte électronique, par virement bancaire, CCP ou par bons d’achats.
Il est ainsi enregistré chez l’un des leaders du e-commerce dans le pays, Jumia.dz, quelque 1,5 million de visiteurs sur ce site par mois en 2017, soit une croissance de 50% par rapport à 2016, selon l’entreprise (installée en 2014 dans le pays), pour qui le paiement en cash n’a pas empêché le nombre de commandes «d’augmenter de façon constante» et le chiffre d’affaires de «s’accroître», enregistrant «entre 10 000 et 20 000 commandes mensuellement».
Pour ce qui est de l’autre site 100% algérien, Batolis.com, lancé en 2015, l’entreprise, dont «les chiffres sont motivants», propose de nombreux produits qu’elle livre à travers tout le territoire national, explique à l’APS Samir Bouazabia, co-fondateur du site, qui regrette que les clients préfèrent toujours le paiement par cash, une solution risquée pour les e-marchands, et ce à cause des fausses commandes.
Il a appelé, à cette occasion, à hâter la publication des textes d’application de la loi sur le e-commerce, une mesure qui devra, selon lui, donner plus de confiance aux clients dans l’utilisation de leurs cartes de crédit en ligne pour les achats.
L’e-commerce «informel» en croissance sur le net
L’e-commerce en Algérie ne se résume pas qu’aux pure players ; des centaines de sites proposant la vente de produits en ligne pullulent actuellement sur les réseaux sociaux comme Facebook. On y trouve les professionnels de la vente en ligne, en l’occurrence les pure players, mais aussi des boutiques en ligne qui échappent à tout contrôle ainsi que de simples citoyens qui se sont lancés dans la vente via Facebook en proposant divers produits concurrençant ainsi les sites activant légalement.
«Certaines pages créées par de simples citoyens vendant nombre de produits en l’absence de toute légalité, concurrencent de façon déloyale les sites qui payent leurs impôts», a-t-il dénoncé, tout en qualifiant cette forme de transactions en ligne de «commerce informel».
Des citoyens se disent, pour leur part, favorables à l’achat en ligne dans des sites marchands professionnels encadrés par la loi, donc plus fiables proposant des produits sous garantie, contrairement aux transactions effectuées entre particuliers sur Facebook qui sont, elles, sans aucune sécurité.
Toutefois, la question de la fiabilité de ces e-commerces se pose encore, car les clients, même s’ils sont globalement satisfaits des services fournis, regrettent l’absence de certaines garanties, tels que les factures, les retards dans les livraisons, ou l’absence de services après-vente ou d’interlocuteur en cas de réclamation.
La mention de livraison dans un délai d’une semaine, après l’enregistrement de la commande, n’est pas souvent respectée par certains sites, note Omar, un habitué des achats via internet.
Pour d’autres clients, les prix affichés pour certains produits sur des «hypermarchés» en ligne sont souvent plus chers que ceux proposés par les commerces classiques, exprimant leur souhait de voir ces web marchands mettre en avant des produits originaux aux plus bas prix afin d’attirer plus de clients vers ce mode d’achat.
R. E.
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