Diplomatie, brouillage de pistes et langue de bois
Par Samia Bentafra – En Belgique et, par extension, en France et au Liban, Lila Lefèvre, à la triple allégeance, joue le rôle de nouvelle agitatrice cosmopolite au profit des manœuvriers agissant contre l’Algérie.
Elle tire ses racines – et il est de bon aloi de le faire remarquer – de la faiblesse et du désarroi d’une certaine vision de l’opposition, ce qui explique grandement ses difficultés à comprendre le peuple, d’où sa propension remarquée à vouloir compenser ce déficit par le recours à la langue de bois, faite essentiellement de mensonges, de stéréotypes, de représentations, d’approximations et d’abréviations, selon le sens que lui donne l’Allemand Victor Klemperer dans ses Carnets d’un philologue.
Une posture qui sert à brouiller les pistes, tout en donnant une image surréaliste, voire humaniste, selon une vision que l’on sait pertinemment biaisée mais dont on escompte que l’autre va l’accepter.
Au lieu de faire objectivement le bilan du président Abdelaziz Bouteflika, en restant par nécessité systémique sur les grands ensembles – stabilité sociale et politique, investissements publics massifs dans les infrastructures à tous les niveaux, transferts sociaux parmi les plus élevés, quasi-absence de dette extérieure, diminution du chômage, programmes intensifs de logements –, Lila Lefèvre, désarçonnée par la riposte foudroyante du département d’Abdelkader Messahel, et à court d’idées, choisit la vile manœuvre de s’attaquer en deux temps violemment au président de la République, ce qui ne fait que confirmer ses intentions malveillantes, prenant sa frustration personnelle pour un modus operandi qui, à partir de Bruxelles, déverse son fiel sur son propre pays pour amuser l’agora.
Mais, par-delà ces viles manœuvres, l’orientation qu’a choisie l’Union européenne a suscité depuis le début de sérieuses interrogations en termes de prévention des conflits.
De mon point de vue, ce qui est important maintenant, c’est la prééminence et la simultanéité de l’approche diplomatique et médiatique autour du construit décidé par le ministère des Affaires étrangères qui a ramené les sanctions infligées à l’ancienne journaliste Lila Lefèvre, pour avoir «violé les règles internes de l’institution et abusé de la confiance du Parlement européen» et les «regrets» du chef de cabinet du président du Parlement européen, Diego Canga Fano.
Commentant le grave délit des e-mails qui a mis aux prises l’ambassadeur d’Algérie auprès de l’Union européenne face à Lila Lefèvre, et au-delà des règles de déontologie professionnelle et d’éthique morale, un des spécialistes en communication a fait appel à une approche sémiotique autour de quatre axes du discours des deux parties, pour démontrer qu’autant l’ambassadeur Amar Belani était porteur de sincérité, de paroles honnêtes, de vérité et de transparence, autant Lila Lefèvre véhiculait dans son discours la duplicité, le mensonge, la fausseté et le secret.
Il faut souligner ici un point rarement relevé dans les analyses faites sur Lila Lefèvre : l’ambiguïté. Dans sa vidéo attentatoire aux symboles de l’Etat algérien, on a distingué une ambiguïté sémantique et une ambiguïté stratégique, relative aux connexions avec le groupe des 14. Cette connexion permet justement de décrypter les rôles et comportements des acteurs qui gravitent autour d’elle.
Ce qui fait dire à certains que, par sa structure, le message choisi par Lila Lefèvre est resté grandement inadapté. Le contexte, la dimension politique et le sentiment de la presse nationale ont mis fin presque brutalement à l’arrogance du ton privilégié par la cosmopolite à la triple allégeance.
L’opacité du sens de ses propos, associée à ses non-dits, a conduit l’opinion publique à déconsidérer définitivement son action par un échec et mat, car non conforme à une transparence et à une pratique communicationnelle vraie.
S. B.
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