Erdogan traque Bernard-Henri Lévy à Bordeaux : la France otage des lobbies
Par R. Mahmoudi – Après les menaces ciblant l’hebdomadaire Le Point, suite à la parution d’une «Une» présentant Erdogan en dictateur, la peur de représailles des nervis islamistes turcs a poussé une libraire de la ville de Bordeaux à annuler une séance de dédicace prévue avec Bernard-Henri Lévy pour présenter son denier livre : L’Empire et les Cinq Rois, qui critique, entre autres, le régime turc et défend en même temps la cause du peuple kurde.
«Pour les raisons indépendantes de la volonté de l’auteur, la dédicace avec Bernard-Henri Lévy est annulée», a annoncé la libraire sur sa page Facebook. Pour BHL, qui a transmis à l’AFP une lettre de protestation adressée au gérant de la librairie, l’annulation a été décidée «pour des raisons de sécurité». Le lien avec les menaces de partisans turcs contre les affiches du magazine Le Point est vite établi.
Désarçonné par cette décision, inédite en France pour un homme qui paraissait intouchable, Bernard-Henri Lévy a déclaré sur le coup : «Je pense que cette réunion doit être maintenue, et j’espère toujours que Mollat (la libraire, ndlr) reviendra sur sa décision.»
Dans sa lettre, il demande aux autorités de sévir contre ses présumés détracteurs. «Je pense profondément que c’est par la fermeté, et par la fermeté seulement, que l’on répond aux analphabètes qui, un jour, menacent de brûler un kiosque à journaux exposant une couverture du Point sur le dictateur turc et, un autre, prétendent faire taire un écrivain libre», écrit l’écrivain sioniste.
Porte-étendard du «printemps arabe», BHL ne cesse de récolter les fruits du soutien qu’il a apporté aux soulèvements dirigés par les mouvements islamistes les plus radicaux dans de nombreux pays de la région arabe, avec l’appui actif et intéressé du régime turc. Le clash entre lui et ses amis turcs n’est apparu que lors de ses périples chez les Kurdes de Syrie dont il a fait son nouveau cheval de bataille.
R. M.
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