Entre islamistes et séparatistes : la Kabylie laboratoire des extrémistes
Par Hani Abdi – En Kabylie, deux courants extrémistes se livrent une guerre froide et essayent de gagner du terrain dans cette région très sensible. Les intégristes islamistes, d’un côté, et les militants indépendantistes du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), de l’autre, multiplient les actions pour asseoir leur influence sur la population.
Les écoles coraniques poussent comme des champignons. Mais le plus inquiétant, c’est qu’elles sont désormais réalisées à l’initiative de «généreux donateurs privés» qui insistent sur la gratuité de l’enseignement afin d’attirer le maximum d’enfants à endoctriner. Ces établissements n’étant pas contrôlés, il n’est pas sûr qu’ils respectent le référent religieux national. Le financement de ces écoles, souvent dotées d’équipements coûteux, provient de milieux occultes.
Les habitants de la Kabylie ont, par ailleurs, constaté que de nombreux imams extrémistes affectés dans les mosquées de la région distillent dans leurs prêches un discours haineux et empreint d’intolérance, allant jusqu’à remettre en cause certaines traditions ancestrales telles que la prière sur les morts faite au niveau des cimetières ou encore la fameuse wziâa, qui consiste à égorger un bœuf à l’occasion de certaines fêtes religieuses et traditionnelles avant de le dépecer en parts égales et de le distribuer aux familles du village. Pour ces prédicateurs, ces rituels sont des innovations qu’il convient d’abandonner.
Cette doctrine a déjà été à l’origine de la fermeture de dizaines de bars, poussant les adeptes de Bacchus à aller aux bords des routes et des forêts où ils laissent des tonnes de bouteilles et de cannettes, provoquant de véritables catastrophes écologiques. La Kabylie n’est donc plus ce havre de tolérance où les chemins de ceux qui allaient à la mosquée et ceux qui allaient au bar se croissaient sans que cela soit suivi de heurts ou d’escarmouches.
Le poison islamiste n’est pas le seul à être subrepticement inoculé en Kabylie, les indépendantistes du MAK y sont également très actifs. Ils ont même investi les réseaux sociaux où ils tentent de ratisser large à coups de fake news et de manipulations. Profitant d’une relative absence de l’Etat dont les institutions échaudées par les évènements du printemps berbère se font discrètes, les makistes tentent de rallier à leur cause le maximum de personnes et le fait que leur idéologie ne bénéficie pas d’une large adhésion ne les décourage pas pour autant. Ils misent, en effet, sur des actions qui font le buzz et qui ont un grand retentissement médiatique telles que le fait de manger en plein jour pendant le Ramadhan, prétextant défendre en cela les libertés individuelles.
Le gourou de ce mouvement, Ferhat Mehenni, autoproclamé président, a révélé au grand jour les objectifs dangereux de sa démarche en appelant la population en Kabylie à créer «un corps de contrainte» pour, soi-disant, se défendre contre l’oppression de «l’administration coloniale». Cette énième provocation confirme, si besoin est, que le MAK est un instrument sectaire de déstabilisation de l’Algérie aux mains d’officines étrangères.
L’islamisme rampant et le mouvement makiste s’alimentent mutuellement, l’un pointant l’autre pour justifier son activisme. La population se trouve otage de ces deux fléaux qui menacent la stabilité de cette région.
H. A.
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