Colloque international à Béjaïa sur la biographie et l’œuvre de Lounes Matoub
Un colloque international articulé autour de la vie, l’œuvre et le parcours de Lounes Matoub, une figure de proue de la chanson kabyle, a été ouvert mardi à l’Université de Béjaïa avec l’objectif de rendre compte de l’importance du patrimoine immatériel légué, mais surtout, de la portée de chacune des facettes que celui-ci recouvre, qu’il s’agisse de chant et poésie ou de leurs pendants artistique, philosophique et psychologique.
Assassiné il y a 20 ans, presque jour pour jour, Matoub, auteur, compositeur, interprète, continue pour autant, selon les présents au colloque, à fasciner les foules, ses chansons se bonifiant au fil des années et reprises avec délectation dans toutes les chaumières, que des intellectuels, qui bien que tardivement, ont fini par trouver en lui une vraie source d’inspiration. Et pour cause ! Peut-être sans l’avoir voulu, l’artiste a assurément magnifié son œuvre, sa poésie, à la fois diverse et fine par ses formes et ses thèmes, par une action sociale et militante en faveur de la démocratie qui ne s’est jamais démentie.
La combinaison de l’une et de l’autre a forgé en lui l’image d’un militant convaincu, un idéaliste impénitent et un poète-philosophe retentissant, voire «un leader d’opinion dont le verbe est écouté et le message suivi», souligne à son propos Djamel Chikhi, professeur à l’Université d’Ottawa (Canada), qui le classe dans la lignée des philosophes existentialistes et qui lui attribue une dimension universelle.
L’occasion de ce colloque, en effet, a d’emblée focalisé sur l’expression multiple et plurielle de l’œuvre de Matoub, entrevue comme «un patrimoine qui se reflète à travers une poésie engagée, spirituelle, idyllique, historique, socio-anthropologique, politique, voire psychologique», soutient, pour sa part, Nora Belgasmia de l’Université de Tizi-Ouzou, qui en fait la démonstration en déroulant une flopée de poèmes.
Etalé sur trois jours, le colloque, auquel participent des chercheurs nationaux et étrangers, notamment de France, du Maroc et du Canada, entend lever le voile sur les différents aspects de l’œuvre matoubienne et susciter en conséquence, selon Boualem Saïdani, recteur de l’Université de Béjaïa, des «pistes de recherche académique pour un retentissement à la mesure de la popularité de l’artiste, adulé dans toutes les régions berbérophones du Maghreb».
R. C.
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