Grève des médecins résidents : les chances du dialogue hypothéquées
La grève des médecins résidents vient d’entamer en son 8e mois consécutif dans un contexte d’absence de dialogue et de campement de chaque partie sur ses positions, prolongeant ainsi une crise dont souffre le simple citoyen au niveau des différents services hospitaliers.
Après des signes de détente suite à la réponse favorable du ministère de la Santé à nombre de revendications relevant de ses prérogatives, la situation a connu, encore une fois, un «blocage» et même un flou induisant des tergiversations de la part du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) quant à la reprise des gardes, notamment après que le gouvernement eut annoncé que certaines revendications sont non négociables, à leur tête les questions liées au service civil et que le ministre de la Santé eut déclaré à la Télévision nationale, le 16 mai 2018, qu’il ne saurait y avoir de dialogue sans une reprise du travail, des études et des gardes.
«La décision relative à la reprise des gardes à compter de mercredi dernier a été prise par 3 membres sur les 13 membres du bureau», affirment des membres du bureau du Camra, dont certains craignent de «casser» l’organisation. Selon le ministère de la Santé, quelque 500 médecins résidents ont rejoint leurs postes depuis plus de 3 semaines.
Dans un communiqué, le Camra a regretté le maintien par le ministère de la Santé de sa décision de refuser le dialogue avant la reprise de toutes les activités hospitalières sans conditions du corps médical, qualifiant cette décision de «négative». Le Collectif a exprimé, en outre, son regret concernant le refus de certains chefs de services d’autoriser l’accès aux médecins résidents afin de rejoindre leurs postes et leurs activités des gardes sous prétexte d’une «note ministérielle».
Dans une déclaration à l’APS, le Dr Nadim Soualili, membre du bureau du Camra a indiqué que la Collectif a été surpris par la décision de la tutelle «rejetant totalement» la poursuite du dialogue interrompu depuis fin avril dernier, ainsi que l’opposition de certains chefs de services et gestionnaires d’établissements hospitaliers à la reprise des gardes.
S’agissant de la décision de certains chefs de services et gestionnaires d’établissements hospitaliers, Dr Soualili a indiqué que ces derniers «ont obligé les concernés à signer un engagement de non-reprise de la grève et de poursuite du travail normalement avant la reprise des gardes», qualifiant ces pratiques d’«illégales».
Pour ce qui est du dispositif relatif aux examens de l’obtention du DEMS (Diplôme d’études médicales spécialisées), le représentant du Camra a précisé que le plan tracé par le ministère de l’Enseignement supérieur est «illégal», car il n’a pas respecté, a-t-il dit, «le délai de notification de ces épreuves à l’adresse du corps qui est de 30 jours minimum» .
Les médecins résidents avait auparavant annoncé la reprise des gardes à partir de mercredi dernier, en signe de «bonne volonté», tout en réaffirmant leur attachement aux revendications qu’ils ont déjà soulevées et qu’ils demeurent «mobilisés» pour «défendre leurs droits».
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avait annoncé, la semaine écoulée, que l’examen du Diplôme d’études médicales spécialisées (DEMS) se déroulera durant la période allant du 1er au 19 juillet, notant que cette session de rattrapage sera la dernière à être organisée pour l’année universitaire 2017/2018 et prévenant que «les candidats qui ne s’y présenteront pas seront considérés en situation d’abandon d’études et par conséquent exclus».
A rappeler que les revendications des médecins résidents, qui sont entrés en grève depuis le 14 novembre dernier, portent essentiellement sur l’annulation du caractère obligatoire du service civil, la dispense du Service national, la garantie d’une meilleure formation pédagogique et la révision des statuts.
R. N.
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