Tahar Ben Jelloun rend hommage à l’Algérie et lapide l’Arabie Saoudite
Par Karim B. – Il n’y a jamais eu d’amitié entre le Maroc et l’Arabie Saoudite et l’Algérie est un pays frère. C’est en substance la conclusion de l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun qui a publié une chronique au vitriol contre le régime de Riyad au service duquel Mohammed VI s’était voué corps et âme jusqu’à un certain vote pour l’organisation du Mondial-2026.
Article commandé dans ce qui s’apparente à une veillée d’armes entre les deux monarchies jusque-là liguées contre l’Algérie ou prise de conscience sincère ? «Longtemps, on a cru que ce pays pétrolier (l’Arabie Saoudite, ndlr) si riche aidait généreusement le Maroc. Rien d’officiel n’a été publié à ce sujet», met en doute l’écrivain dont on ne peut pas dire qu’il nourrissait une grande amitié envers notre pays. Ben Jelloun se lâche : «Mohamed Ben Salmane, écrit-il, [est] totalement lié à Trump, surtout aux intérêts américains, et officieusement à Israël.» « [Il] tue tranquillement des Palestiniens quasiment tous les jours et mène une campagne contre l’Iran, ennemi intime de l’Arabie Saoudite, fait tout pour ne pas déplaire à son big boss, Donald Trump, lequel n’aura aucun scrupule à le déplumer et, ensuite, le jeter comme un mouchoir en papier», ajoute-t-il, acerbe.
Le Maroc, par la voix de l’auteur du Dernier Ami, en veut à l’Arabie Saoudite d’avoir «fait pression sur d’autres pays pour lâcher le Maroc dans l’espoir de plaire à son maître qui avait menacé les pays qui ne voteraient pas pour l’Amérique». «Qu’avons-nous, Marocains, de commun avec des bédouins arrogants et méprisants ?» s’emporte-t-il non sans dédain à l’égard de la richissime pétromonarchie du Golfe.
Ben Jelloun dénonce les comportements immoraux et impudiques des touristes saoudiens qui se rendent au Maroc pour «autre chose» que la découverte «des paysages et des musées». «Tout le monde le sait et la voix populaire ne les rate pas. Dernièrement, un feuilleton arabe a illustré ce genre d’escapade saoudienne en montrant des maris s’encanailler avec des jeunes femmes marocaines, des travailleuses du sexe», confie-t-il, tout en invitant le Maroc à se retirer de la coalition «qui mène [une] guerre absurde» contre le peuple yéménite.
L’écrivain marocain a, enfin, rendu hommage à l’Algérie : «Grâce à ce vote, le Maroc sait à présent quels sont ses amis et ses faux amis. L’Algérie a voté pour le Maroc. Elle a fait preuve de solidarité maghrébine et on ne peut que s’en réjouir.»
K. B.
Comment (64)