Complot humanitaire
Par Akram Chorfi – Serait-on en train de substituer aux différents printemps qui ont traversé notre pays sans réussir à le déstabiliser, un printemps plus insidieux ? Serait-on en train de faire du phénomène de la migration massive, que notre pays gère de la façon la plus pertinente qui soit, ce printemps dont on parle ? Au vu de ce qui se passe, se dit et se pense un peu partout en Occident, tout porte à croire qu’il s’agit d’un «complot humanitaire» contre l’Algérie.
Lorsqu’on interroge les faits et la réalité du terrain, lorsqu’on consulte les comptes rendus médiatiques et les communiqués qui ont émaillé la presse locale et internationale, on se rend compte, dotés de cette mémoire, que l’Algérie a toujours pris des positions et formulé des propositions de sortie de crise, dans le cadre des conflits régionaux et des crises migratoires, les plus intéressantes, les plus pertinentes, pour ne pas dire les plus réalistes et les plus sensées, dans le sens où elles sont constructives et profitables pour les parties en crise.
En même temps, on se rend compte que les partenaires européens, parties prenantes dans la gestion des crises régionales, y compris celles subsahariennes, demeurent sourds à ces propositions, même lorsque, sur le terrain, le temps finit par confirmer la pertinence de celles-ci et leur validité opératoire.
Le cas du phénomène migratoire subsaharien illustre on ne peut mieux cette situation où l’on assiste à une stérilité de la concertation européenne dont les positions internes demeurent inconciliables quand il s’agit de répondre à la proposition algérienne de prendre en charge, collectivement, le fléau migratoire à la source en mobilisant les moyens nécessaires à la dynamisation des secteurs dont la défaillance au niveau des pays touchés, sur les plans économique, social et même sécuritaire, a accentué et massifié le fléau migratoire.
Un refus inexplicable au vu de la pertinence de la proposition, d’autant plus que le coût qui en serait induit n’est pas prohibitif dans le cadre d’une action collective, cela surtout que la gestion du fléau séparément imposera des coûts humains, financiers et sécuritaires incommensurables sur le très long terme.
Un refus irrationnel si l’on considère que l’Algérie, en recherchant des solutions de long terme profitables aux Etats du sud subsaharien, sert aussi les intérêts des pays de l’Europe, notamment tiers-méditerranéens, en prenant en charge, elle-même, les centaines de milliers de migrants qui pourraient, à défaut, se retrouver sur les rives nord de la Méditerranée.
A. C.
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