Affaire de la cocaïne : comment le «boucher» achetait des responsables
Par Karim B. – Au fil des auditions, on apprend que l’affaire de la tentative d’introduction de 700 kg de cocaïne en Algérie prend une autre tournure. Le procès des frères Chikhi se transforme, chemin faisant, en une longue énumération de noms de responsables à différents niveaux qui ont mangé au râtelier de cet affairiste véreux jusque-là inconnu du grand public.
C’est ainsi qu’on apprend que des walis délégués, des maires et des conservateurs fonciers ont été corrompus par Kamel Chikhi, selon le quotidien arabophone Echorouk, pour l’obtention des terrains sur lesquels ont été bâtis les biens immobiliers qu’il occupe ou qu’il a revendus au prix fort. Il n’est donc plus question uniquement de trafic de drogue, mais de faux et usage de faux, de corruption, de blanchiment d’argent et d’acquisition de terrains à bâtir de façon illégale.
Douze accusés ont été interpellés jusqu’à présent et l’instruction se poursuit. De nombreux autres responsables risquent d’être débusqués dans cette affaire qui met à nu la dangereuse propagation de la corruption dans les rouages de l’Etat et gangrène l’administration.
Tayeb Louh, conscient des conséquences de ce procès sur la crédibilité de la justice – d’autant que des magistrats ont été entendus par les enquêteurs – a assuré qu’«il n’y aura aucun traitement de faveur, ni complaisance dans le jugement des personnes impliquées dans de telles affaires», soulignant que «personne, quel que soit son statut ou sa fonction, n’échappera à la justice dans cette grosse affaire de trafic de drogue».
L’affaire de la cocaïne révèle une grave crise morale qui mine la société algérienne depuis de longues années. Ce trafic de drogue, outre qu’il reflète l’image d’une Algérie qui chemine vers des affaires dont on n’entendait jusque-là qu’à travers les médias internationaux, démontre la collusion de plus en plus flagrante de fonctionnaires véreux avec le milieu et l’aggravation du phénomène de la corruption qui a atteint des proportions véritablement alarmantes.
K. B.
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