La post-vérité ?
Par Nouredine Benferhat – Le contexte semble différent, mais des similitudes existent entre l’ampleur des scandales qui se passent chez nous et celui du Watergate dans la façon dont est gérée la communication. Cette situation entropique fait le lit des rumeurs et ternit un peu plus l’image de notre pays.
Sommes-nous entrés dans une période de post-vérité ? Au regard des vérités qui nous sont assenées par le pouvoir, sans aucun doute. Le terme «Post-truth politics» a été introduit par l’écrivain et essayiste Steve Tesich (1942-1996), auteur d’un pamphlet, La Déroute de l’Amérique, publié le lendemain de la guerre du Golfe. Selon lui, une rupture s’est opérée après le scandale du Watergate. Tesich dénonce le nouveau «deal» que les dirigeants américains ont alors proposé à leur opinion publique, le choix entre l’estime de soi et la vérité, installant un nouvel esprit public : «Tous les dictateurs jusqu’à ce jour ont travaillé à supprimer la vérité. Nous, par notre action, affirmons que ce n’est plus nécessaire, nous avons acquis un mécanisme spirituel qui peut priver la vérité de toute importance.»
La vérité chez nous a perdu de son importance.
Même s’il s’inspire du roman 1984 de George Orwell, Steve Tesich ne confond pas la fin de la vérité et le mensonge totalitaire où le pouvoir imposait à une société l’idéologie d’une oligarchie prédatrice.
N. B.
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