Lutte contre les migrants clandestins : l’UE aura ses centres de rétention
Par Sadek S. – Les 28 dirigeants de l’UE ont trouvé ce matin un accord sur les migrations, lors d’un sommet tendu à Bruxelles que l’Italie menaçait de faire capoter faute d’engagements précis de ses partenaires européens concernant l’accueil des migrants. «Les dirigeants de l’UE28 se sont accordés sur les conclusions du sommet, y compris la migration», a annoncé sur Twitter le président du Conseil européen, Donald Tusk, à 2h30 GMT, après des tractations marathon entamées la veille en début de soirée.
Dans cet accord, les dirigeants des 28 appellent à «explorer rapidement» le «concept» encore flou de «plateformes régionales de débarquement» de migrants secourus en mer hors d’Europe, en coopération avec le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM), pour dissuader les traversées de la Méditerranée. Aucun pays tiers ne s’est jusqu’à présent proposé pour héberger de tels lieux d’accueil des migrants secourus dans les eaux internationales, où il est question de distinguer les migrants irréguliers des demandeurs d’asile admissibles dans l’UE, «dans le respect du droit international». Le Maroc et l’Albanie ont déjà fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de tels centres. Et ces lieux suscitent encore beaucoup de doutes parmi les pays européens, sur les contours concrets des «plateformes» comme sur la compatibilité avec le droit international de ces débarquements hors d’Europe.
Les migrants secourus dans les eaux européennes pourront être pris en charge dans des «centres contrôlés» sur le territoire de l’UE, prévoit le texte, d’où ils pourront être répartis dans l’union quand ils sont éligibles à l’asile et renvoyés vers leur pays dans le cas contraire. Mais la création de ces lieux, qui seraient dotés de moyens européens, est laissée à la discrétion des Etats membres, et de la même manière le partage de l’accueil devra se faire «sur une base volontaire». L’Italie, qui a salué cette proposition, n’a toutefois pas précisé pour autant si elle créerait de tels lieux sur son sol. Le texte parle de centres «contrôlés», et non «fermés» comme le proposait la France, sans que le sens de cette nuance ne soit encore clair.
Le compromis comprend également un paragraphe pour la lutte contre les déplacements de migrants entre pays de l’UE sans attendre de décision sur leur cas dans leur pays d’arrivée, qualifiés de «mouvements secondaires». «Les Etats membres devraient prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin», est-il écrit.
L’accord prévoit, en outre, d’augmenter les moyens de l’Agence européenne de gardes-frontières, Frontex, en lui donnant plus de ressources financières (sans donner de chiffres) et un mandat plus large. Il prévoit aussi de renforcer le soutien aux garde-côtes libyens et appelle «tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée» à «respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens». Un passage particulièrement apprécié par Malte et l’Italie. Les 28 ont convenu de débloquer la seconde tranche de 3 milliards d’euros du fonds pour aider les réfugiés en Turquie et d’alimenter le fonds de l’UE pour l’Afrique, afin de lutter contre les causes des migrations.
S. S.
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