Humanisme ennemi
Par Akram Chorfi – Si le seul rapatriement des migrants ne constitue pas la solution au phénomène migratoire, l’on ne peut qu’être en désaccord, fondamentalement, avec le fait qu’on puisse soutenir que le retour des migrants chez eux ne constitue pas une partie de la solution.
Il est, en effet, une partie de la solution pour une raison très simple, à savoir qu’il ramène le débat là où le situe l’Algérie, en dépit des atermoiements et des hésitations injustifiées des acteurs internationaux impliqués dans ce dossier, en l’occurrence dans la gestion, à l’aval économique et social, des crises qui sont à l’origine du fléau migratoire.
Pour ce qui est de la solution étrangère et tout autant étrange de consentir des centres de regroupement de migrants en Algérie, elle constitue, à notre sens, une énième tentative d’opérer une démarche ulysséenne dans la forteresse Algérie, la subversion par la migration, valant ce cheval qui a tant coûté à cette infortunée Troie dont le siège, de guerre lasse, était, pourtant, sur le point de prendre fin.
La campagne qui vise l’Algérie sert les passeurs dont les intérêts, à hauteur de centaines de millions d’euros par mois, sont compromis, qui pratiquent la traite des enfants, aident à faire transiter les tonnes de drogue de la nouvelle filière marocaine, achètent et transportent des armes qui sont parsemées dans des caches en sommeil, destinées peut-être à servir le jour où ce cheval de Troie aura pénétré la forteresse assiégée.
Elle sert également des parties qui dessinent une nouvelle carte de la région, avec des agendas qui n’intègrent nul enjeu de paix et de stabilité, encore moins de développement, de prospérité ou de bon voisinage.
Cette manière de faire du phénomène migratoire une arme de destruction massive ou encore un vecteur de subversion latente semble convenir à tant d’acteurs aux façades humanitaires rutilantes qui, pourtant, ne proposent pas à l’Occident humaniste de s’attaquer collectivement aux causes génétiques de cette ruée humaine vers le Nord.
L’humanitaire ainsi géré dans son aval chaotique semble arranger tant d’intérêts et avoir des raisons que la raison et le bon sens devraient ignorer, c’est du moins ainsi que devrait continuer de prévaloir la lucidité algérienne face à ces consensus du chaos.
A. C.
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