Déploiement de drones armés américains au Niger
Le commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) a annoncé le déploiement effectif de drones armés au Niger, précisant qu’aucune mission offensive n’a été menée jusqu’ici, rapporte l’agence de presse officielle APS.
«En coordination avec le gouvernement nigérien, l’Africom a armé des drones ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance) au Niger pour améliorer notre capacité combinée à répondre aux menaces et autres problèmes de sécurité dans la région», a déclaré la porte-parole d’Africom, Samantha Reho, à Voice of America. «Le Niger est situé dans un endroit stratégique, entouré sur trois fronts par des organisations terroristes basées en Libye, au Mali et au Nigeria», a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Défense nigérien, Kalla Mountari, qui s’est exprimé récemment à Voice of America, a confirmé le déploiement de ces engins tueurs dans le sillage des menaces grandissantes des groupes terroristes au Sahel. «Les Etats-Unis ont répondu à nos appels. C’est énorme car cela servira de moyen de dissuasion pour les terroristes qui veulent nous attaquer», a déclaré M. Mountari à ce propos.
Les deux pays avaient conclu l’année dernière un mémorandum d’entente autorisant le déploiement de drones tueurs à partir de la capitale Niamey et d’Agadez. L’armée américaine, qui employait déjà au Niger des drones pour des besoins de renseignement, avait poussé depuis quelques années pour que ces engins soient armés. L’embuscade à Tongo Tongo qui a coûté la vie à quatre soldats américains en octobre dernier a accéléré le déblocage de la situation.
Alors que ces drones déployés sur une base militaire à Niamey survolent déjà le Niger, aucune frappe de précision ciblant des groupes terroristes n’a été lancée, selon Stars and Stripes le quotidien des forces armées des Etats-Unis à l’étranger qui cite le commandement d’Africom.
Sur le terrain, le Pentagone a déployé 800 soldats au Niger, soit le deuxième plus important contingent d’Africom après celui de Djibouti. Les forces américaines prévoient de mener des missions offensives au-delà des frontières de pays sahélien pour frapper des cibles en Libye, au Mali, au Tchad et au Nigeria. Ces frappes seront menées à partir de la base d’Agadez, dont la construction sera achevée cette année.
L’accord passé entre l’Africom et le gouvernement nigérien suscite déjà l’inquiétude de la société civile qui dit craindre les risques de victimes collatérales civiles parmi les populations nomades de la région. L’ancienne Administration Obama, qui voulait mettre fin à la polémique qui avait entouré ce sujet sur lequel elle avait souvent refusé de s’exprimer, a révélé en 2016, pour la première fois, le nombre de civils tués au Pakistan, au Yémen et en Afrique. Elle avait alors avancé un nombre oscillant entre 64 et 116 victimes civiles tuées depuis 2009. Mais ces chiffres restent de loin inférieurs aux estimations des ONG et des organisations de défense des droits de l’Homme, qui évaluent ces pertes humaines à plus 1 100 victimes.
R. I.
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