Affaire Chikhi : silence pesant de l’Organe de lutte contre la corruption
Par R. Mahmoudi – Selon le président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption, Djilali Hadjadj, le volume des commissions versées dans les différents marchés publics conclus par l’Algérie, et dans lesquels sont impliqués des personnages proches des cercles de décision, a atteint 60 milliards de dollars.
Un constat qui fait que l’Algérie est toujours classée par Transparency international parmi les pays les plus corrompus de la planète. Comme l’atteste le dernier classement, où l’Algérie occupe la 112e place sur un total de 180 pays.
Dans une déclaration au journal arabe Al-Arabi Al-Jadid, Djilali Hadjadj estime que l’embellie financière qu’a connue l’Algérie depuis le début des années 2000, et qui a coïncidé avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat, a favorisé la montée de la corruption, en l’absence d’organismes dédiés à la lutte contre ce fléau, gelés, selon lui, pour des raisons inconnues. Par exemple, l’Organe national de lutte contre la corruption, créé en 2006, peine à entamer ses activités, bien que les autorités aient essayé de le relancer, à deux reprises, en 2009 puis en 2012, mais en vain.
Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a annoncé cette semaine, qu’«une refonte profonde» sera apportée à l’organisme à partir de septembre prochain.
Dans le même registre, l’avocat et ancien membre du Conseil constitutionnel, Ameur Rekhila, juge que «ce qu’on peut reprocher à l’organe, c’est de ne pas accomplir les tâches prévues par la loi organique, bien que le président Bouteflika ait doté cet organisme d’officiers judiciaires, y compris militaires, pour assister les magistrats».
Poursuivant son analyse, l’ex-membre du Conseil constitutionnel estime que l’’introduction de réformes sur l’organe en termes de composition ou de loi organique ou même l’élargissement de ses prérogatives demeurent une simple question théorique, en attendant que les paroles se traduisent en actes». Et de s’interroger : «Sinon, comment expliquer le silence de l’organe sur les nombreuses affaires, dont celle de l’autoroute Est-Ouest ou celle de Sonatrach, qui était pourtant postérieure à sa création ?».
La même interrogation peut être formulée s’agissant de l’affaire de la cocaïne qui défraie aujourd’hui la chronique.
R. M.
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