L’armée remet Mokri à sa place : la manœuvre des islamistes tombe à l’eau
Par Karim B. – Après le FLN qui a opposé une fin de non-recevoir à l’appel du parti islamiste MSP qui visait à impliquer l’armée dans le processus politique, c’est au tour du ministère de la Défense nationale de répondre aux manœuvres de Abderrazak Mokri. Le vice-ministre de la Défense a, en effet, définitivement fermé la porte devant toute tentative de mêler l’institution militaire à la politique, expliquant que l’ANP reçoit ses orientation du président de la République».
Bien que le MSP ne pèse pas réellement sur la scène politique nationale depuis que la mouvance islamiste a connu un net recul, la démarche de Mokri a bénéficié d’une large couverture médiatique et d’un retour d’écho de la part des formations politiques qui forment le socle du pouvoir en place. Ainsi, le secrétaire général du FLN a répondu positivement à la proposition de rencontre formulée par Mokri. Mais les propos tenus par Djamel Ould-Abbès au sortir de la réunion semblent montrer que le FLN a tendu un piège au MSP en détricotant l’initiative que ce dernier a tenté de faire passer en impliquant les partis «qui comptent».
En attendant d’être reçu par Ahmed Ouyahia, dont la réponse négative est connue d’avance, Abderrazak Mokri se trouve pris à son propre piège. Il n’a réussi ni à convaincre ses interlocuteurs «d’en face» de la pertinence de sa vision des choses dans la perspective de la présidentielle de 2019 – dans laquelle il comptait faire jouer à son parti un rôle important – ni à sauvegarder son alliance avec ses alliés, dont un, Ennahda, a décidé de claquer la porte.
La réponse du ministère de la Défense nationale étouffe la démarche du MSP dans l’œuf et résonne comme une mise en garde à l’ensemble de la classe politique. En affirmant que l’armée «n’est pas sous tutelle», le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah signifie clairement à tous les acteurs politiques qu’il n’obéit qu’au président de la République et que toute tentative qui viserait à remettre en cause le cinquième mandat est rejetée de fait.
Pourtant, en répondant à Abderrazak Mokri, le chef d’état-major de l’ANP implique déjà – en quelque sorte – l’armée dans la décision politique comme il l’ a fait, du reste, lors de la précédente élection présidentielle qui a assuré sa propre succession au président Bouteflika.
K. B.
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