Comment une télévision israélienne a commenté la fête du 5 Juillet
Par Karim B. – La chaîne sioniste i24 a commenté la fête de l’indépendance de l’Algérie en remémorant les massacres d’Oran. La chaîne, dirigée par Frank Melloul, ancien conseiller de Dominique De Villepin à Matignon, retrace, selon sa propre vision des faits et de façon orientée, les heures qui ont suivi l’annonce de la fin de la guerre à Oran. «Des dizaines de milliers d’Algériens se dirigent vers le centre-ville et se retrouvent progressivement aux ports des quartiers à dominante européenne. Ils convergent vers la place Karguentah puis vers la place d’Armes. A 11 heures, un coup de feu retentit. Un signal qui annonce le début du carnage. La foule est déjà surexcitée. Elle hurle des cris de haine et se lance dans une chasse aux Européens. Epilogue de la Guerre d’Algérie, son plus grand massacre, le massacre d’Oran», narre la présentatrice de la télévision lancée par Patrick Drahi en 2013.
«Pendant les six heures que la tuerie va durer (…), haches, couteaux, pistolets, pierres sortent des poches et des sacs. On tire, on lapide, on égorge. En quelques minutes, des dizaines de morts. Les cris des mourants sont couverts par ceux des assaillants», affirme encore cette chaîne dont le siège se trouve à Tel-Aviv.
«Dans toute la ville, on entend ‘’mort aux roumis !’’, ‘’mort aux houdis !’’. Des camions vont et viennent pour transporter les cadavres dans les charniers. Des hangars, des gymnases, des entrepôts commerciaux se transforment en lieux de détention. Des dizaines d’hommes et de femmes disparaissent. Des hommes et des femmes dont on ne sait pas, jusqu’à aujourd’hui, ce qu’ils sont devenus», récite la présentatrice non sans théâtralité. «Au milieu du chaos, ajoute-t-elle, des Algériens vont sauver des vies mais, au total, entre 700 et 1 200 sont assassinés ce 5 juillet 1962. Vers 17 heures, après une journée de massacres et d’agonie, les capitales internationales commencent à insister auprès de Paris pour savoir ce qu’il se passe à Oran. Les portes des casernes s’ouvrent enfin. En une heure, les patrouilles armées rétablissent le calme dans la ville. Un couvre-feu est instauré. Plus personne dans les rues d’Oran, excepté les camions qui nettoient la ville de ses cadavres, lave le sang qui macule les rues et effacent les traces du carnage.»
Et de conclure : «Le 6 juillet, Oran est propre. C’est l’acte de naissance de l’Algérie nouvelle. Un acte de naissance paraphé du nom des quelque mille morts du massacre d’Oran. Une page blanche dans l’histoire de l’Algérie française. Une histoire sans preuves et sans empreintes, sinon dans le souvenir de ceux qui l’ont vécue.»
Derrière ce rappel historique, on entrevoit clairement une haine aussi bien à l’égard de l’Algérie que du général De Gaulle à qui le binôme Drahi et Melloul, puissants lobbyistes sionistes en France, reprochent d’avoir abandonné les pieds-noirs qu’il aurait livrés pieds et poings liés aux «hordes sauvages» algériennes. Pourtant, voilà ce qu’écrit l’historien Benjamin Stora, faut-il le préciser, natif d’Algérie et de confession juive : «Après les accords d’Evian du 19 mars, les attentats de l’OAS ne cessent pourtant pas. On pourrait même dire que le terrorisme croît en violence : assassinats individuels de musulmans, chasse à l’homme, explosions au plastic, tirs de mortiers. A la fin du mois d’avril, une voiture piégée explose dans un marché très fréquenté par les Algériens musulmans en ce moment de Ramadhan. C’est une première du genre et, le 2 mai, le même procédé, une voiture piégée qui explose dans le port d’Alger, fait 62 morts et 110 blessés, tous musulmans. En mai, à Oran, quotidiennement, 10 à 50 Algériens sont abattus par l’OAS. La férocité est telle que ceux qui habitent encore des quartiers européens les quittent en hâte. Le 7 juin est l’un des points culminants de la ’’politique de la terre brûlée’’ que prône désormais l’OAS : ses ’’commando Delta’’ incendient la Bibliothèque d’Alger et livrent aux flammes ses 60 000 volumes. A Oran, ce sont la mairie, la bibliothèque municipale et 4 écoles qui sont détruites à l’explosif. Plus que jamais, la ville où règne une anarchie totale est coupée en deux : plus un Algérien ne circule dans la ville européenne.»
Patrick Drahi et Frank Melloul ignoraient-ils ces faits ? Bien sûr que non.
K. B.
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