Son initiative rejetée par la classe politique : Abderrezak Mokri isole le MSP
Par Hani Abdi – L’initiative du président du MSP, Abderrezak Mokri, par laquelle il espérait être la locomotive d’une classe politique divisée a eu l’effet inverse. Au fil des jours et des rencontres, le chef du MSP essuie des échecs. A la veille de sa grande rencontre avec le deuxième parti de la majorité présidentielle, le RND d’Ahmed Ouyahia en l’occurrence, dont on connaît la position de rejet de toute forme de transition démocratique, le président du MSP reçoit de nouveaux rejets de sa démarche politique, qui obéit, selon certains, à des intérêts personnels.
En effet, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, s’est totalement démarqué de cette démarche pour un consensus national. «Nous n’adhérerons à aucune initiative proposée par certains partis politiques dont le MSP», a affirmé Moussa Touati pour qui la mise au point de l’armée était plus que nécessaire pour que cessent ces pratiques politiques par lesquelles certains veulent faire croire aux gens qu’ils sont parrainés par l’institution militaire.
«Il est impératif de ne pas impliquer l’armée dans la vie politique», a-t-il affirmé, rappelant dans ce sillage les missions constitutionnelles bien définies de l’ANP dont la protection de l’intégrité du territoire national et la sécurité des citoyens.
Par sa sortie, Moussa Touati rallonge donc la liste des formations opposées à la démarche du MSP mais aussi à son appel à l’intervention de l’ANP dans le champ politique. Même topo chez le RCD, qui refuse toute transition venant de l’armée.
Dans un communiqué de son secrétariat national, le RCD a affirmé qu’aucune solution crédible à la crise et à l’impasse politique que vit le pays ne peut venir de l’armée. Le RCD estime ainsi que certains partis «s’égarent dans de fausses et vaines pistes» au lieu d’exiger la régularité et la transparence des processus électoraux. Le président du MSP a déjà essayé un rejet de sa démarche par le MPA d’Amara Benyounès et du FLN qui refusent de parler de transition.
Le rejet est encore plus prononcé chez les autres formations islamistes qui se démarquent totalement de l’initiative de Mokri, accusé de travailler pour ses intérêts personnels et partisans les plus étroits. Après les partis El-Islah, Ennahda et Al-Adala, c’est au tour du mouvement El-Binaâ, d’Ahmed Dane, un ancien du MSP, d’exprimer son rejet de cette initiative, considérant que le seul changement crédible est celui qui sera induit par des élections transparentes.
Ainsi donc, Abderrezak Mokri, qui voulait fédérer les forces de l’opposition et être une passerelle entre le pouvoir et l’opposition, a fini par isoler son propre parti du reste de la classe politique qui lui tourne le dos. L’échec cuisant de son initiative pour un consensus national risque de lui coûter cher au sein de sa formation où Aboudjerra Soltani et ses partisans l’attendent au tournant.
H. A.
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