Le parti de la fitna
Par R. Mahmoudi – Quoi qu’on ait dit de l’impertinence ou de la fatuité de la démarche entreprise par les islamistes du MSP, il faut reconnaître qu’ils ont déjà réussi à recentrer le débat autour de leur «initiative» comme si, tout d’un coup, rien ne peut se décider sans tenir compte de leurs doléances et comme si, réellement, leur poids politique ou populaire était si important.
Il faut admettre, aussi, qu’en obligeant le chef d’état-major de l’ANP à entrer indirectement dans le débat, Abderrazak Mokri a réussi quelque peu son plan, qui est celui d’impliquer l’institution militaire, d’une façon ou d’une autre, dans le processus politique. Il l’a poussée à se positionner, d’abord par rapport à l’éventualité d’un cinquième mandat alors qu’il n’était pas demandé au général Gaïd-Salah de le faire si prématurément. Deuxième coup de main réussi par Mokri : il a semé la fitna au sein même de l’alliance dite présidentielle, en essayant, dans une première étape, de lui soustraire le parti d’Amara Benyounès et en mettant aujourd’hui le FLN de Djamel Ould-Abbès dans une situation d’embarras devant le chef d’état-major, qui l’a durement remis à sa place, dans sa dernière déclaration, où il somme les partis politiques, allusion au FLN, de cesser de jouer les tuteurs de l’armée.
S’ils ne peuvent chambouler la scène politique comme ils l’entendent, les islamistes du MSP n’en sont pas moins aguerris en matière de nuisance et de sabotage. Ils l’ont prouvé en sabordant les accords de Mazafran entre partis d’opposition, en acceptant de négocier, en solo, avec le pouvoir.
R. M.
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