Sur un baril de poudre
Par R. Mahmoudi – La réponse du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, hier, au mouvement de contestation qui monte dans le Sud traduit un sentiment d’impuissance qui fait peur. Au lieu d’annoncer des mesures concrètes pour satisfaire, au moins en partie, les revendications urgentes et légitimes des populations de cette région du pays et de leur donner par-là espoir, Ahmed Ouyahia, au nom d’un certain discours de vérité, a choisi de s’en prendre aux manifestants, en les accusant d’avoir opté pour l’émeute et la casse pour exprimer leurs doléances.
S’il est bien raison de condamner le recours à toute forme de violence, il y a bien, à côté, beaucoup de choses à faire ou à suggérer. Son prédécesseur, Abdelmalek Sellal, s’était, face à la même situation à Ouargla, bien démené pour tenter de calmer les esprits, en dépêchant ses ministres et en faisant des promesses d’emploi et de création d’un certain nombre de projets de développement, dans l’urgence. Hélas ! les promesses n’ont pas été tenues, et cela a dû aggraver les rancœurs dans ces villes qu’on avait abandonnées, et dont on se rendait compte sur le tard qu’elles étaient assises sur un baril de poudre.
C’est l’occasion pour l’actuel gouvernement de remédier à ces défaillances et de prendre en charge l’affaire, plus sérieusement, avant que la situation ne déborde et devienne incontrôlable. Hier, c’était Béchar, Adrar et Ouargla ; aujourd’hui, c’est Djelfa. A ce rythme, il ne faudrait plus s’étonner que les émeutes puissent gagner encore d’autres villes et embrasent toute la région. L’indolence des pouvoirs publics en est le meilleur viatique.
R. M.
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