Délit de nihilisme
Par Akram Chorfi – Toutes les voix qui sortent du silence et de l’oubli politiques en cette longue période préélectorale tendent à surfer sur le désormais classique leitmotiv de la faillite politique du système pour espérer acquérir un tant soit peu de crédibilité auprès des masses populaires.
Mais aucune de ces voix, dont certaines appartiennent à l’opposition la plus aguerrie, n’arrive à donner le ton, pour rester dans la métaphore sonore, à une véritable alternative, se contentant de dénoncer en se focalisant sur les perceptions accumulées d’un bilan accompli de gouvernance.
Cela comme si la culture, la seule qui vaille chez nous, consiste à espérer l’ascension politique sur les ruines de la réputation des autres, autrement dit en battant en brèche la forteresse assiégée du Président sortant.
Autant dire que certains politiques ambitionnent de détrôner l’adversaire, dont ils dénoncent les carences supposées, sans se sentir obligés de prouver aux électeurs qu’ils courtisent, par anticipation, qu’ils sont capables de mieux faire.
Par ce nihilisme de perception, opportunément focalisé sur l’adversaire, ces politiques effarouchent le citoyen qui redoute, dès lors, que ces acteurs politiques, en accédant au pouvoir, ne fassent table rase de tout, du bon et du mauvais, puisqu’ils semblent, a priori, vouloir convaincre le citoyen que le Président sortant a failli dans tous les domaines.
Cette perception, au demeurant très juste de la part du citoyen, lui fait souvent craindre, effectivement, que l’alternance dans notre pays puisse être source de régression et de remise en question des acquis et des avancées, sans pour autant être la garantie que seront prises en charge les questions qui n’ont pu aboutir présentement.
En l’absence d’un programme pertinent et d’une alternative politique valable, à travers un discours rationnel et scientifiquement fondé, l’alternance devient pour le citoyen une aventure qui lui rappelle encore celle, sanglante, qu’il ne voudra plus jamais revivre.
A. C.
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