Londres et Rome accusés d’être responsables de la mort de migrants
De Londres, Sonia L.-S. – «La politique des Etats membres de l’Union européenne, comme l’Italie et la Grande-Bretagne, sont en grande partie à l’origine de la mort, depuis le mois de juin dernier, de plus de 700 migrants qui avaient tenté de rejoindre l’Europe lors d’une série de traversées périlleuses à travers la Méditerranée», dénonce l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, dont le siège central est à Londres. Dans son dernier rapport, l’ONG accuse l’Europe d’avoir délibérément abandonné les réfugiés et les migrants en mer. 564 d’entre eux ont péri ou sont portés disparus en juin, et 157 autres le mois suivant.
Selon Matteo de Bellis, expert des questions de l’asile et de la migration à Amnesty International, «malgré une baisse constatée du nombre de personnes qui tentent de traverser la Méditerranée ces derniers mois, le nombre de décès en mer continue à grimper. La responsabilité de la recrudescence du nombre de morts incombe indiscutablement à l’indifférence des Etats membres de l’Union européenne dont le premier souci est d’empêcher les migrants de gagner l’Europe». L’expert accuse ces mêmes Etats qui, «parfois, s’érigent en donneurs de leçons en matière de défense des droits humains» et qui «ne se sentent pas concernés par leurs obligations d’intervention dans les situations de péril pour sauver des vies».
L’organisation de défense des droits humains considère que la poursuite de cette catastrophe humanitaire qui se joue aux portes de l’Europe, «a été accentuée par les récents développements sur la scène politique italienne, dominée par la victoire, en juin dernier, de l’extrême-droite qui a, dès son accession au pouvoir, brandi la menace d’une guerre sans merci contre les migrants». La mesure phare de l’actuelle direction politique italienne est le refus d’autoriser les bateaux de sauvetage de migrants d’accoster dans les ports italiens. «L’acte le plus frappant, souligne Amnesty, reste le refus par les autorités italiennes d’autoriser le bateau Aquarius qui transportait 630 personnes, dont des enfants, des femmes enceintes et plusieurs blessés souffrant de brûlures chimiques et d’hypothermie, d’accoster en Italie pour atténuer les souffrances de ces centaines de migrants en détresse».
Amnesty International, qui tire la sonnette d’alarme sur les manquements de certains Etats de l’UE en matière de respect de leurs engagements internationaux en matière de défense des droits humains, dénonce, dans la foulée, le fait que ces mêmes Etats mettent la pression sur la Libye dont ils exigent qu’elle contienne les flux incessants de réfugiés et de migrants qui se trouvent sur son territoire, «malgré les conditions inhumaines dans lesquelles ils se trouvent» dans ce pays en proie à une guerre civile.
S.-L. S.
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