Contribution – L’opposition au cinquième mandat : l’esbroufe de trop !
Par Youcef Benzatat – Tous ceux et celles qui sont relégués en marge du système, qui, à un moment donné, avaient choisi l’«opposition», se sont retrouvés périodiquement et systématiquement parmi les opposants aux 3e, 4e et – maintenant – 5e mandats. Comme si s’opposer à la candidature d’un homme, en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika, c’est faire de la politique et prétendre innover dans la gestion du domaine public.
S’opposer à un homme, fût-il la partie visible du système de pouvoir, peut, certes, être considéré comme un acte politique. Encore qu’il faille dénoncer cet état de fait et faire une proposition pour mettre fin à cette pratique antidémocratique.
Or, ces opposants manquent cruellement de courage politique pour oser franchir ce pas décisif et se constituer en véritable contre-pouvoir qui leur permettra de traiter d’égal à égal envers le système et de proposer un contre-projet de société pouvant séduire le peuple, voire l’institution militaire elle-même et les services, qui trouveront dans leur proposition une voie crédible pour la renaissance de la République et le salut de la patrie.
Mais s’acharner sur un homme qui ne représente que lui-même, à savoir un exécutant de circonstance, c’est prêcher par faiblesse, par opportunisme car s’attaquer de front au système, c’est se condamner soi-même à ne plus pouvoir faire de l’opposition, à ne plus exister sur l’orbite de la prédation.
Alors, on gesticule, on surfe sur l’aliénation des électeurs dans les structures mentales patriarcales, le mythe religieux, le repli identitaire, tout ce qui caractérise la conscience pré-politique de la masse des électeurs ; en somme, on se gave de populisme. Et pour orner ce vicieux discours démagogique, on n’hésite pas à recourir aux formules choc : la déliquescence de l’Etat, la corruption généralisée, le népotisme, la fraude électorale, enfin, faire les poubelles de la rue en se ruant sur tout ce qui fait écho aux lamentations du peuple, loin des théories politiques progressistes, modernistes, prospectives et pragmatiques.
A l’évidence, aucun de ces opposants de circonstance ne s’inscrit dans la perspective historique de l’édification de la nation algérienne, qui a vu sa dynamique s’interrompre violemment au tournant de l’indépendance nationale. Car, si la Révolution avait réussi à restituer la souveraineté nationale, il lui faudra encore restituer la souveraineté de l’Etat, la souveraineté populaire et la souveraineté des individus.
Faire de la politique, c’est s’engager dans le respect du politique, qui ne peut advenir que dans un Etat souverain, désaliéné de toute intrusion qui lui est extérieure – le militaire, le religieux, l’identitaire – pour ne laisser place qu’a la citoyenneté où tout Algérien et toute Algérienne seront respectés dans leurs convictions religieuses, identitaires, sexuelles et tout ce qui constitue la souveraineté des individus.
A défaut de l’avènement et de l’émergence pour l’heure d’hommes et de femmes doués de cette conscience révolutionnaire pour le parachèvement de l’édification de la nation, place à l’opportunisme, à la gesticulation et à l’esbroufe.
Y. B.
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