Pieds-noirs et harkis : quand l’imposture s’ajoute aux crimes contre l’humanité
Par Kaddour Naïmi – L’oligarchie dominant la France relance encore la question des harkis, des pieds-noirs et autres ex-représentants colonialistes, en évoquant des «droits» à récupérer. C’est ajouter au crime contre l’humanité, en l’occurrence contre le peuple algérien et sa terre, l’imposture.
En effet, qui étaient donc les harkis et les pieds-noirs dans leur grande majorité et essentiellement ? Les seconds étaient des profiteurs du système colonial et les premiers ses supplétifs indigènes, profitant, eux aussi, à leur manière, du même système colonial.
Quant à ceux qui évoquent les «bienfaits» du colonialisme, donnant comme preuves les écoles, les lignes de chemin de fer, les routes, les barrages d’eau, les hôpitaux, les industries, l’agriculture, la «culture», etc., ceux-là oublient, ou feignent oublier, que toutes ces réalisations furent décidées et concrétisées d’abord, et principalement, pour servir les intérêts de l’oligarchie colonialiste de France et de ses représentants en Algérie.
Faut-il encore rappeler ce qu’était le système colonial français en Algérie ? Massacres de populations avec tentative de génocide total, à la manière des Européens en Amérique contre les populations autochtones ; ensuite, asservissement de la population survivante, en faisant «suer le burnous» des travailleurs et en traquant, torturant et assassinant les révoltés contre l’occupation coloniale et ses crimes ; enfin, une guerre totale pour empêcher un peuple de conquérir son indépendance, et cela par les bombes au napalm, la torture systématique, les assassinats de dirigeants, les massacres de civils soutenant la lutte de libération nationale, etc. La présence de la «France» en Algérie, c’est-à-dire de sa composante colonialiste, c’est d’abord du sang et des larmes, ensuite de la sueur et encore des larmes et du sang. Après tout cela, les descendants de ces auteurs de crimes contre l’humanité osent encore réclamer des droits.
Comment expliquer cette insolente imposture sinon par le fait que le peuple algérien, à travers son Etat, a montré de la compréhension et de la clémence ? De la compréhension et de la clémence envers les colonialistes exploiteurs, tortionnaires, tueurs et leurs infâmes soutiens.
Alors que le peuple algérien, à travers son Etat, aurait dû réclamer ses droits légitimes afin que les descendants de l’oligarchie coloniale ne puissent pas ajouter au crime contre l’humanité l’imposture, en réclamant des indemnités, des compensations et des dédommagements pour tous les actes et crimes du colonialisme : agression contre le peuple et le pays, massacres de populations entières, accaparement de terres et de ses ressources naturelles, exploitation de la sueur du peuple, guerre d’extermination contre lui, napalm contre sa végétation et ses montagnes, etc. A combien s’élèverait le montant ?
Pourquoi l’Allemagne a-t-elle reconnu ses crimes contre les juifs – environ 6 millions de victimes de confession juive durant le laps de temps qu’a duré la domination nazie – et a octroyé des indemnités financières à Israël tandis que l’oligarchie de France, plutôt que d’agir de la même manière envers le peuple algérien – quelque 10 millions de victimes pendant 132 ans d’occupation – a le culot scandaleux d’évoquer des «compensations» pour ses supplétifs harkis et ses pieds-noirs d’origine européenne (ou française) ? Que dirait-on de représentants de l’oligarchie allemande actuelle qui réclamerait des «droits» en France pour leurs concitoyens qui ont dominé et exploité le peuple de France et pour les «collabos» autochtones qui les ont servis ?
Cette oligarchie française, non seulement réclame des «droits» illégitimes, mais a l’infamie de ne pas reconnaître de manière publique et entière ses crimes contre le peuple algérien, qui ont tous les caractéristiques de crimes contre l’humanité. Et les représentants de cette oligarchie ont l’odieuse hypocrisie de parler de réconciliation, en oubliant également leurs actions néocolonialistes qui continuent aujourd’hui pour maintenir une forme de domination sur l’Algérie et son peuple. Décidément, les oligarchies colonialistes ne voient que leurs égoïstes et illégitimes intérêts de castes, en ignorant avec un insolent mépris les droits légitimes d’un peuple qu’ils ont odieusement exploité et massacré.
Si les représentants de cette oligarchie colonialiste persistent dans leur prétention à des «droits», alors que le peuple algérien, à travers son Etat, leur présente la facture de 132 ans de méfaits et de crimes colonialistes.
K. N.
PS. :Le lecteur aura noté qu’il est question de l’oligarchie de France, passée et présente et de ses suppôts d’origine européenne ou algérienne, et non pas du peuple de France, lequel est, lui aussi, d’une certaine manière, victime de cette même oligarchie.
Le lecteur qui penserait que ce texte serait violent devrait d’abord se rappeler ce que fut la violence en acte du colonialisme en Algérie. Ces considérations ne sont nourries par aucun dérisoire ressentiment ; leur souci est seulement de rappeler les faits concrets et de les considérer du point de vue de la justice et de la raison humaines.
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