L’Etat complexé
Par M. Aït-Amara – La religion peut-elle justifier la gabegie et l’incivisme ? Comment expliquer l’absence de réaction face à cette pratique qui revient chaque année et qui consiste à transformer nos villes en abattoirs à ciel ouvert où ni l’hygiène ni la sécurité ne sont respectées ?
Des citoyens, agacés de voir nos rues transformées en ruisseaux de sang et en dépotoirs pour les peaux gluantes abandonnées à même les trottoirs ou à l’entrée des immeubles dans les cités dortoirs, ont posté des images dégoûtantes sur les réseaux sociaux. C’est ça la fête du sacrifice ? Est-il écrit que les musulmans doivent sacrifier la propreté, le respect de la nature et le savoir-vivre ?
Quel président, quel chef de gouvernement, quel ministre, quel élu local oserait ordonner que soit interdit l’égorgement des moutons hors du cadre légal, dans des lieux appropriés et conçus pour ce faire ? Aucun. L’Etat est complexé. Il a peur qu’une telle interdiction soit interprétée comme une atteinte à un rituel sacré de l’islam, un blasphème. L’Etat montre ainsi toute sa faiblesse devant le pouvoir du nombre, devant les hordes fanatisées qui sauteraient sur l’occasion pour crier à l’Etat apostat et impie.
Le pouvoir frileux et pusillanime face aux salafistes qui affûtent leurs armes et attendent le moment venu pour planter leur poignard dans le dos de la démocratie, aura-t-il le même courage que le président tunisien Béji Caïd Essebsi qui affronte les intégristes en leur imposant la loi positive, celle des Hommes qui régit – et doit régir – la cité ? Aura-t-il le courage de repousser les offensives insidieuses des extrémistes religieux qui ont créé un Etat parallèle réfractaire à l’ordre et à la discipline ?
L’anarchie érigée en code au nom de la religion doit cesser. Et c’est à l’Etat qu’il revient d’y mettre fin.
M.A.-A.
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