Enfin le péage !
Par Akram Chorfi – Beaucoup de médias s’abstiendront de louer l’initiative d’activation, enfin, du péage autoroutier, sachant que cette mesure, qui devait pourtant être appliquée dès la livraison de l’autoroute, pourrait ne pas trouver chez les Algériens un accueil favorable.
Pourtant, le courage éditorial aidant, on ne peut faire l’économie de défendre le principe d’un système de péage pour une autoroute dont l’investissement doit être amorti sur le long terme de l’exploitation, et l’entretien permanent financé pour garantir aux usagers une autoroute en bon état.
La démagogie journalistique et politique consisterait à lier systématiquement les faits, pour dire que la gabegie et la mauvaise gestion qui ont caractérisé le processus de réalisation de l’autoroute, devraient dissuader les autorités publiques de faire payer ces travers de gestion au citoyen algérien. C’est là encore un raccourci démagogique pour abonder dans le sens populiste, alors qu’en réalité le processus de réalisation de l’autoroute et ses travers n’est en rien lié au système de péage qui est un système universel de mutualisation, au sein de la collectivité nationale, de l’amortissement d’un projet aussi colossal et capitalistique, qui devrait, d’ailleurs, requérir, sur le moyen terme, de nouveaux investissements et, sur le très long terme, une véritable reconstruction.
Les premiers payeurs qui doivent et qui peuvent débourser conséquemment, au moins deux fois, et plus, de ce que débourse un simple automobiliste, ce sont les transporteurs de marchandises, puis les transporteurs en commun, qui sont les responsables directs des cassures et fissures qui sont occasionnées sur les lignes de l’autoroute, du fait du poids très important de leurs véhicules, du fait de la permanence de leur exploitation des axes autoroutiers et du fait, surtout, de la rentabilité très importantes qui en résulte pour leurs activités économiques, alors fortement optimisées grâce à ce projet qui traverse, d’un bout à l’autre, le territoire national.
Avec plus de sécurité, plus de rapidité, plus de confort, moins d’usure des pneus et des autres pièces que les routes nationales éprouvaient, sans oublier le coût subventionné des carburants, l’Algérien devrait trouver un vrai plaisir à voyager pour voir du pays et pour ses affaires, et trouver, dans le péage, non pas une taxe supplémentaire qui vient farder ses dépenses, plutôt une contribution minimale et mutualisée à ce qu’il est convenu d’appeler, sans risque de se tromper, un véritable pan du progrès économique et social.
Cela pour peu, bien sûr, qu’en bout de parcours, avec ce système de péage, l’on ne vienne pas dire aux usagers de l’autoroute qu’il n’y a pas de moyens financiers pour reconstruire l’autoroute.
Il ne faut pas perdre de vue une vérité universelle qui dit : lorsque l’Etat fait payer au juste prix ce qu’il donne aux citoyens, il trouve les moyens de payer au juste prix ce que les citoyens lui donnent.
A. C.
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