La leçon japonaise
Par Karim B. – «Pour des raisons de maintenance, la connexion internet pourrait être interrompue pendant une minute environ à 4 heures du matin. Nous nous excusons pour le désagrément que cela pourrait engendrer.» Ceci est le message de la direction d’un hôtel au Japon à ses clients.
Il y a quelques semaines, la réaction indolente et presque je-m’en-foutiste de plusieurs membres du gouvernement – et même du Premier ministre – suite à la décision de Houda-Imane Feraoun de couper l’Internet pendant plusieurs heures tout au long du déroulement des épreuves du baccalauréat, soit cinq jours, avait suscité l’étonnement des experts chez nous et la dérision outre-mer.
Cette note de l’hôtel japonais à ses clients auprès desquels il s’excuse pour quelques (petites) secondes de «probable» rupture de la connexion met à nu le gigantesque écart entre deux cultures, entre deux modes de gouvernance, entre deux sociétés aux antipodes.
Pour les Japonais, une minute de perdue est un drame, une tragédie. Pour les Algériens que nous sommes, des heures d’interruption de l’Internet, «ce n’est pas la fin du monde», comme l’avait laissé entendre Ahmed Ouyahia, avec son arrogance mal placée habituelle. Or, tout est dans ces secondes que nous avons oublié de compter depuis des lustres, tout comme cette petite monnaie qui a étrangement disparu de nos porte-monnaie, les Algériens ne se rabaissant pas à quelques centimes, repus qu’ils sont avec leur billet de 2 000 DA et leur pièce de 200 DA qui ne remplissent pas même un petit sac noir en plastique non biodégradable, censé – tiens ! – avoir été interdit par l’Etat.
«Les citoyens des pays industrialisés sont pingres et comptent leurs sous», rigole-t-on avec un dédain maladif, entre deux bacs à ordures éventrés et pestilentiels. Oui, eux comptent leurs centimes et leurs secondes parce que le temps c’est de l’argent, dit l’adage.
Qu’est-ce qui est d’argent chez nous ? Les parkings sauvages et les divagations hallucinatoires de Djamel Ould-Abbès et de ses cousins de la classe politique.
K. B.
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