Tripoli tire la sonnette d’alarme : les Anglais cherchent-ils à voler l’argent des Libyens ?
Par Sadek Sahraoui – L’Autorité libyenne pour l’investissement (LIA), qui gère plusieurs dizaines de milliards de dollars, s’est déclarée, cette semaine, préoccupée par ce qu’elle appelle «les coûts continus et inutiles» des séquestres imposés par le système judiciaire britannique sur les avoirs de l’institution. «La demande au tribunal de commerce britannique de mettre fin à trois des séquestres des biens de la LIA (…) correspond aux efforts des Nations unies pour protéger et soutenir les institutions souveraines libyennes légitimes», a expliqué la LIA qui se dit, par ailleurs, ne pas comprendre pourquoi Londres refuse toujours de rendre aux Libyens ce qui leur revient de droit.
La LIA a ajouté que la demande adressée à la Cour anglaise bénéficie du soutien total du Conseil présidentiel du Gouvernement national de transition (GNA), soulignant que la priorité au stade actuel est de protéger ces actifs, car cela préservera les intérêts du peuple libyen. Officiellement, les séquestres en question avaient été imposés en 2015 pour «aider» à gérer plusieurs procès intentés par la Libyan Investment Authority au Royaume-Uni, à une époque où une administration rivale au GNA voulait prendre possession aussi des fonds du LIA. Mais les Libyens semblent soupçonner de plus en plus les Britanniques de chercher à siphonner leur argent.
La Libyan Investment Authority est un fonds souverain libyen fondé en 2006 et gérant pour au moins 40 milliards de dollars d’actifs provenant des surplus liés principalement à l’exportation d’hydrocarbures. En mars 2011, le bureau conseil Precinq évaluait les actifs du LIA à 70 milliards de dollars (50 milliards d’actifs financiers et 20 milliards d’avoirs immobiliers et d’infrastructures), plaçant cet investisseur dormant au 12e rang mondial. Malgré le chaos politique et sécuritaire dans leur pays, les dirigeants officiels de la Libyan Investment Authority se démènent pour restructurer et redynamiser les actifs du fonds souverain.
En 2011, l’Italie était le premier pays bénéficiaire des investissements de la LIA avec 3,6 milliards d’euros d’investissements. Le fonds libyen possède 2,59% d’Unicredit et 2,01% de Finmeccanica (devenu Leonardo). La LIA est présente également dans le capital de l’éditeur britannique Pearson (3,27%), dans ceux du fabricant de briques autrichien Wienerberger (10%), et du russe Rusal (1,43%). La Libyan Investment Authority a placé, en outre, 10 millions de dollars (7 millions d’euros) chez BNP Paribas.
S. S.
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