Enquête sur l’affaire Chikhi : de quoi Mohamed Aïssa a-t-il peur ?
Par R. Mahmoudi – Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a réfuté en bloc, dimanche lors d’une conférence de presse, ce qui avait été diffusé dans les médias concernant l’implication des imams dans le scandale de la cocaïne, qualifiant ces informations de «calomnie». Le ministre a ajouté que ce dossier «a un arrière-fond politique», sans autres précisions.
Le ministre s’en prend à la presse d’avoir simplement repris des informations recueillies auprès de certains imams auditionnés par les services de la Police judiciaire, le week-end dernier, dans le cadre des investigations sur l’affaire Chikhi. Vingt et un imams de Lakhdaria, région natale de Kamel Chikhi dit le «Boucher», principal accusé dans cette affaire, sont soupçonnés de complicité dans le blanchiment d’argent, notamment dans la construction de mosquées.
D’après des comptes rendus de la presse, ces imams, notamment ceux des localités de Zbarboura, Krachiche et de certaines communes avoisinantes, telles que Guerrouma et Zbarbar, ont déclaré ignorer l’origine des fonds provenant de cet homme d’affaires mais, en revanche, ont reconnu devant les enquêteurs que ces sommes, plus de 30 millions de dinars, soit plus de 3 milliards de centimes, avaient servi à la construction ou à la réfection de plusieurs lieux de culte et autres écoles coraniques de la région.
Pourquoi le ministre des Affaires religieuses n’attend-t-il pas les conclusions de l’enquête pour se prononcer sur la probité présumée des imams interpellés par la police ? Craint-il qu’une éventuelle confirmation de l’implication de ces imams, qui sont des employés de son secteur, ait des répercussions directes sur son avenir à la tête du département ?
Déjà confronté à une sourde rébellion des imams et assistants d’obédience salafiste, à travers plusieurs mosquées du pays, Mohamed Aïssa n’en sortirait qu’affaibli.
R. M.
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