Film censuré sur Ben M’hidi : le président de la République va trancher
Par R. Mahmoudi – Suite à la décision de censure émise par la commission de visionnage des œuvres cinématographiques relevant du ministère des Moudjahidine sur le film retraçant la vie de Larbi Ben M’hidi, son réalisateur, Bachir Derraïs, ne veut pas céder, en essayant de porter le débat sur la voie publique.
Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Derraïs annonce un recours qui sera adressé, avant la fin de la semaine, à ladite commission par le biais de ses avocats. «J’espère que l’on pourra trouver un terrain d’entente, a-t-il déclaré, afin de lever cette interdiction et permettre la sortie du film. Je le dis et le répète : je suis ouvert au dialogue et à la discussion.»
En cas d’impasse, dit-il, il s’en remettra au président de la République, tout en se réservant le droit de saisir la justice. «Il est tout de même inadmissible et consternant que 56 ans après l’indépendance, une commission de bureaucrates décident du sort d’une œuvre artistique qui a coûté énormément d’argent et nécessité des investissements humains au-delà de ce que l’on peut imaginer», s’indigne le metteur en scène.
Dans son rapport, la commission annonce d’autres réserves qu’elle émettra ultérieurement. Bachir Derraïs comprend par-là que le dossier de son film «va être désormais soumis aux autorités politiques, éventuellement à la présidence de la République, pour trancher sur son sort». Ce qui laisse une once d’espoir pour que le film puisse voir le jour.
Le réalisateur se dit totalement disposé à organiser des projections au profit d’historiens et de chercheurs reconnus, tels que Daho Djerbal, Abdelmadjid Merdaci, Mohammed Harbi ou encore Benjamin Stora «pour qu’ils répondent avec des faits avérés à ces prétendues réserves». «Si ces spécialistes les approuvent, je suis prêt à faire des corrections. Je suis prêt à remonter mon film si on me prouve que j’ai commis des omissions, pris des libertés ou des raccourcis avec l’Histoire ou travesti un quelconque aspect de la vie et de la mort de Larbi Ben M’Hid, comme ils le prétendent», s’engage-t-il encore.
R. M.
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