Des avancées dans le dossier de la restitution des crânes des résistants algériens
Un travail législatif est en cours pour sortir du domaine public les restes humains de résistants algériens conservés au musée de l’Homme à Paris, a-t-on appris mercredi l’APS de source officielle.
En effet, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a été saisi en juillet dernier par une question écrite à ce sujet par la députée d’origine algérienne Fadila Khattabi (LREM), a-t-on signalé. Dans sa question, la députée a interpellé le ministère sur les critères du modus operandi adopté pour la restitution des crânes de résistants algériens du XIXe siècle, conservés au Musée national d’histoire naturelle (MNHN), et réclamés officiellement par l’Algérie, ainsi que sur les délais de sa mise en œuvre.
L’historien et anthropologue algérien Ali Farid Belkadi, à l’origine de cette découverte, avait indiqué à l’APS, en avril dernier, qu’il y a au musée de Paris 70 crânes qui appartiennent aux résistants de Zaâtcha (Biskra), alors que le ministère des Moudjahidine a recensé 31 chouhada algériens reconnus par leurs crânes.
«Les 70 crânes de Biskra sont bel et bien ceux de résistants de Zaâtcha, qui furent décapités à la fin du siège de l’oasis par les soldats du corps expéditionnaire français», avait précisé le chercheur. Dans sa réponse, publiée au Journal officiel français, le 28 août dernier, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a rappelé que le 7 décembre 2017, lors du Comité intergouvernemental de haut niveau, présidé par les Premiers ministres des deux pays, la France et l’Algérie se sont accordées «sur la nécessité de mettre en place une commission chargée d’identifier ces restes et de faire évoluer le cadre juridique français sur cette question». C’est dans ce cadre que l’Algérie avait adressé au gouvernement français une demande officielle de restitution de ces restes mortuaires le 26 décembre 2017. «Le processus de restitution de ces restes humains est complexe car, au-delà de la problématique politique et mémorielle, il touche au statut juridique de ces restes humains qui ont été intégrés aux collections publiques nationales. Ceux-ci relèvent à ce jour de la domanialité publique et sont, à ce titre, inaliénables, insaisissables et imprescriptibles», a expliqué le Quai d’Orsay, soulignant que d’autres restes mortuaires nécessitent un travail d’identification
Selon un recensement établi par le chercheur Ali Farid Belkadi, au 18 avril 2018, plus de 500 crânes et ossements venant de toutes les régions d’Algérie, notamment de Khenchela, Oran, Batna, Skikda, El-Kala et Alger. Parmi ces crânes et ossements figurent ceux d’hommes préhistoriques, qui sont certes «très peu nombreux», d’après le chercheur.
R. N.
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