Exclusif : fin des subventions dès la seconde moitié de l’année 2019
Par Akram Chorfi – Des sources bien informées évoquent la probabilité de la fin des subventions en Algérie et, en tout cas, son début dans la seconde moitié de l’année 2019, l’Etat ne pouvant plus assumer financièrement une telle charge qui grève les caisses du Trésor public de quelque 12 milliards de dollars chaque année.
Il se dit même qu’une réflexion est en cours, qui consiste à élaborer une stratégie d’approche en vue de rendre possible le retrait progressif des subventions afin de rendre son impact vivable pour la plus grande partie de la population.
Une telle résolution, si elle semble salvatrice dans une certaine mesure, pour les finances de l’Etat, n’en laisse pas moins peser des craintes que la fin des subventions n’ait des effets socialement subversifs du fait de son impact chaotique sur les couches sociales les plus fragiles, dont les strates, au vu de l’effet de l’inflation depuis 2014 à ce jour, se sont épaissies.
Il n’est donc pas raisonnable de retirer le filet social universel avant que celui-ci ne soit remplacé par un filet spécifique qui devra, lui, prendre en charge les populations que l’absence de soutien aux produits de première nécessité ferait sortir dans les rues dès les premiers jours de l’application de la mesure.
Il faut dire aussi que la fin des subventions ne signifie pas seulement que les prix des produits de première nécessité seront cédés à leurs prix réels, mais également qu’ils risquent de faire l’objet de surenchère concertée de la part des grossistes et des détaillants, chacun y allant de sa volonté de gagner plus à la faveur d’un retrait de couverture sociale qui interdisait tout excès.
Energie, produits alimentaires, santé, eau sont autant de produits et services soutenus, à bras le corps, par l’Etat, qui semble empêcher que le ciel tombe sur la tête des Algériens. Et c’est ce ciel que ce même Etat risque de lâcher du jour au lendemain.
Il est évident que sans une stratégie de réforme du système des subventions qui prenne en compte autant les contraintes liées aux modes alternatifs de soutien social aux couches vulnérables, que l’aspect lié à la communication qui aide à préparer et à accompagner le processus de levée des subventions, on ne peut prévoir ce que sera la réaction des populations face à un tel bouleversement social.
Pourtant, la levée des subventions est aujourd’hui ressentie comme une nécessité. Si elle l’est du fait de la situation désastreuse de la finance publique qui peine à réaliser les grands équilibres salvateurs, réduite à la planche à billets et à une austérité chronique, elle l’est davantage du fait de l’inefficacité de ce système qui est source d’un grand gaspillage et d’un détournement massif de tous les produits et services subventionnés au profit de gens qui en ont le moins besoin, et d’autres qui l’exploitent à des fins commerciales et non pour une finalité sociale.
Il reste à connaître la manière par laquelle les pouvoirs publics vont orchestrer la transition d’une situation de soutien généralisé à une situation où, pour la première fois, ils auront à stratifier la société pour déterminer quelles sont les couches vulnérables qui méritent d’être l’objet de mécanismes de renflouement social. Des mécanismes dont il faudra aussi déterminer la forme pour éviter de tomber dans des procédures qui portent atteinte à la dignité des citoyens, parfaitement intégrés socialement et, néanmoins, en situation de fragilité financière.
C’est, en tout cas, l’un des dossiers les plus sensibles et les plus délicats, dont la complexité d’approche et les risques politiques qu’il induit, que l’Exécutif aura à gérer, certainement vers la fin de l’année 2019, voire même en 2020.
Prudent et toujours hésitant, mais se préparant à cette perspective, le gouvernement, nous dit-on, est conscient de la difficulté de la tâche et du caractère socialement douloureux de la décision et de ses effets, mais il est aussi conscient des dangers financiers que le maintien des subventions risque d’induire socialement sur le long terme.
A. C.
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