Au service du roi ?
Par Akram Chorfi – Quelle elle donc cette logique qui fait que nos bureaucrates, y compris parmi nos politiques, se débrouillent toujours pour favoriser la concrétisation de projets au bénéfice du Maroc quand, par ailleurs, toutes les chances au départ favorisaient l’Algérie ? Le cas de Peugeot illustre, on ne peut mieux, cette situation.
Que les partenaires français, puisque c’est d’eux qu’il s’agit en la circonstance, tirent le meilleur parti de la dualité qui existe entre l’Algérie et le Maroc pour essayer d’obtenir les plus grandes concessions de parts et d’autres, cela se comprend et c’est même de bonne guerre.
L’on pourrait même comprendre que du côté algérien on refuse de jouer à ce jeu qui favorise une espèce de chantage malsain, cela même si le pragmatisme économique eût dicté une attitude froide de la part des Algériens devant toute opportunité susceptible de rapporter son lot de valeur économique et d’emplois nouveaux. Mais devant le chantage, l’homme valeureux préfère se retirer du jeu.
Mais il n’y a pas que cela. Une certaine bureaucratie installée va au-delà de la simple recherche de rapports d’égalité entre l’investisseur étranger et son interlocuteur algérien. Au lieu de chercher à séduire les investisseurs, une bureaucratie certaine œuvre à les faire partir, leur faisant perdre la chose la plus précieuse dans toute activité ou entreprise humaine : le temps.
Le marché algérien est-il attractif ? Il l’est bien plus qu’ailleurs avec ses avantages comparatifs, et les démarches des investisseurs étrangers pour communiquer leur désarroi face à la bureaucratie locale expliquent bien leur désir de débloquer les processus afin de concrétiser leurs projets au sein d’une économie jugée porteuse : le temps long imparti à l’investissement, les lenteurs administratives symptôme de mauvaise volonté et parfois de recherche de corruption, auxquels s’ajoute la perte de confiance des partenaires étrangers qui finissent par s’inquiéter des perspectives des relations avec une administration qui veut imposer son ego aux opérateurs économiques, locaux et étrangers.
Que l’on se rappelle les propos de l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, lui qui avait estimé que le gouvernement doit se focaliser sur les questions du chômage et du logement, estimant que (un journaliste l’avait questionné sur cela) «l’usine de Peugeot n’était pas une priorité». Cela comme si le chômage pouvait être résorbé sans la création d’usines et la multiplication optimisée des opérations économiques que la bureaucratie ralentit, empêchant le secteur privé de jouer pleinement son rôle et contrecarrant , voire décourageant, l’investissement étranger productif.
Ce projet en souffrance en Algérie est en train de voir son équivalent vivre de beaux jours au Maroc, affichant des chiffres de création d’emplois qui doublent les perspectives avec, en outre, des prétentions industrielles pour le partenaire marocain qui s’est mis à assembler les moteurs des véhicules de la marque au lion dont la production passe de 100 000 à 200 000 unités par an.
Ce qui donne à penser que même si le projet de Peugeot Algérie voit enfin le jour, il est probable que les moteurs ainsi assemblés au Maroc soient acheminés vers l’usine d’Oran pour être montés sur les carcasses assemblées ici en Algérie avec un taux minimum d’intégration industrielle et la qualité des moteurs en moins.
A. C.
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