Une contribution de Mustapha Baba-Ahmed – Le FLN momifie l’Algérie
Mustapha Baba-Ahmed – Selon la presse, Ould-Abbès, le secrétaire général bien-pensant du FLN, a annoncé que le parti sera encore le pourvoyeur du poste de président de la République dans 100 ans ; la prééminence continuera toujours à revenir aux anciens. Boualem Sansal a besoin de reconsidérer le titre de son livre L’An 2084.
Le Président avait critiqué la gestion de l’Algérie avant 1999 en s’en prenant à la perte de valeur de sa monnaie jusque-là. Le dinar était à parité avec le franc suisse au début des années 1970. Il faut autour de 120 dinars algériens pour 1 franc suisse ou 1 dollar américain depuis quelque temps ; la perte de substance du dinar est de 49% depuis 2014. C’est une succession de dévaluations depuis lors pour limiter les déséquilibres budgétaires. Le pays n’a pas appris la leçon du contrechoc pétrolier de 1986.
Quelques indications permettent de donner un aperçu de la gestion de notre économie au XXIe siècle.
Avec 17 ans de retard…
L’avant-projet de loi de finances pour 2019 se préoccuperait de la fuite des capitaux et de l’évasion fiscale. Le ministère des Finances avait engagé, début 2001, une démarche visant à organiser l’accès par la Direction générale des impôts (DGI) aux chiffres relatifs aux importations auprès de la Direction générale des douanes. L’essentiel des besoins de l’industrie et même des produits à revendre en l’état étant importés, la DGI aurait alors disposé, à la source, des données utiles pour lutter contre l’informel. La démarche avait alors abouti à l’institution de la carte d’opérateur, mais a été abandonnée suite au changement de gouvernement en mai 2001. Sauf complicité des services du registre de commerce et/ou de ceux de la douane, le pays aurait pu endiguer depuis lors l’évasion fiscale et lutter contre les surfacturations.
Le pays a été ruiné par des hommes d’affaires qui se font surfacturer fortement les produits (équipements, matières premières, semi-produits et produits à revendre en l’état) : de 2002 à 2016, le pays a importé 177,8 milliards de dollars (14 168 milliards de dinars) d’équipements industriels. Il faut chercher à la loupe le surcroît de production induit par ces équipements dans les statistiques de valeurs ajoutées. Si tous les importateurs ne sont pas indélicats, il en est qui ont abusé de leur droit à l’import contribuant, par-là, à l’inflation. Rien n’est fait pour lutter contre les positions dominantes sur le marché.
Deux dispositions de deux lois de finances inappliquées
Le processus de restructuration financière des entreprises publiques par régularisation de leurs dettes à partir de ressources publiques est anticonstitutionnel. Toute dépense doit avoir été préalablement autorisée. La loi de finances pour 2005 a institué l’inscription de subventions budgétaires. Sans suite. La loi de finances pour 2009 a renouvelé le dispositif mais n’a jamais été appliquée à ce jour. Alger a peur de Rouiba.
On demande aux étrangers de nous montrer comment «vendre le pays»
Le Parti des travailleurs (PT) a accusé les promoteurs de la loi sur les hydrocarbures de 2004 de vouloir vendre l’Algérie. Hugo Chavez, qui avait fortement déconseillé au Président le texte, a conduit son pays à la ruine. Maintenant que l’Algérie n’a que faire de prix Nobel, elle estime ne pas disposer de compétences pour préparer un nouveau projet et fait, pour cela, appel aux étrangers. Que dira le PT ? Le ministre de l’Energie a expliqué que le secteur a beaucoup de tâches à la disposition des Algériens. Il doit s’agir de postes de travail peu qualifiés.
Dans les 100 années à venir, il y aura surtout beaucoup de mépris pour nos jeunes qui n’ont pas «trahi» leur pays en migrant à l’étranger, comme les en a accusés un ancien moudjahid.
M. B.-A.
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