Oisiveté politique
Par Akram Chorfi – Toute l’attention des politiques, des médias et du grand public est tournée vers des pratiques de politique politicienne, des intrigues institutionnelles et partisanes, des rumeurs de corruption, des bruits de remaniements et d’autres lubies de pouvoir qui n’apportent rien au débat public.
Toute cette cacophonie stérile sert de noria à recycler les individus au sein du système en place, en servant aux maîtres du moment les alibis pour renouveler les personnels institutionnels et politiques et se renouveler par la même occasion.
Qu’une rumeur se généralise sur une personnalité, qu’une perception se renforce contre un politique, qu’une grogne populaire, même injuste, se manifeste vis-à-vis d’une réalisation ou d’un secteur, et nous revoilà à l’orée d’un remaniement, spéculant, émaillant l’actualité et écumant les colonnes de rumeurs de changements pour le changement.
Les médias servent ce jeu malsain avec un zèle infini, se faisant les complices de mises à mort politiques cruelles et gratuites qui ne produisent aucun effet de renouveau, plutôt des effets de régression, le successeur, par zèle et par respect d’une tradition absurde et tout aussi stupide, s’empressant de raser tout ce que son prédécesseur a pu faire, sans distinction, sans discernement, libérant, de temps à autre, des paroles vénéneuses en direction de celui-ci pour donner à voir un mérite qu’il a décidé, par lâcheté, de bâtir sur les ruines d’un homme ou d’une femme qui ne peut plus se défendre.
Les politiques, les partis, les médias et le grand public, tous des Algériens modelés au même moule, pratiquant les mêmes travers ne peuvent plus ignorer que la véritable scène politique où se joue l’avenir de l’Algérie n’est pas dans les remaniements, les rumeurs de règlements ou de reddition de comptes, mais plutôt dans les secteurs économiques, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur, de la santé…
Une revendication syndicale ou de corporation est souvent plus dynamique en matière de production de changements que tous les partis d’opposition confondus car elle émane du corps social et économique, et ses motivations ne sont ni politiciennes, ni claniques, ni tribales, ni partisanes…
Elles interrogent les modes de gestion, la gouvernance financière, l’organisation professionnelle, etc. dont les réponses suscitées, de gré ou de force, produisent des poussées positives dans le corps social et mettent à nu les carences tout en mettant en valeur les (in)-compétences politiques. C’est cela qui importe et non le départ ou l’arrivée d’un ministre.
A. C.
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