Comment les islamistes d’Ennahda ont repris le pouvoir en Tunisie
Par R. Mahmoudi – Après la démission collective de huit députés du parti de Béji Caid Essebsi, Nidaa Tounes, le parti islamiste de Rached Ghannouchi, Ennahda, se voit automatiquement propulsé comme première force politique au Parlement, ce qui lui permet de peser désormais de façon décisive sur la conduite du gouvernement, en attendant les prochaines élections prévues en 2019.
Ainsi, après ce retrait inopiné de huit députés de Nidaa Tounes, excédés apparemment par les pressions du fils du chef de l’Etat, Hafedh Caid Essebsi, qui tend à se substituer au père, aujourd’hui âgé de 91 ans, Nidaa Tounes perd la majorité et s’en trouve dégradé à la deuxième place avec seulement 47 députés, suivi du de la coalition nationale du chef de gouvernement, Youcef Chahed, tandis que le mouvement Ennahdha caracole désormais avec 69 députés.
A l’origine de la crise, un grave désaccord entre le chef du gouvernement et l’envahissant fils de Béji Caïd Essebsi sur les principales orientations politiques et économiques de son cabinet. Ce dernier exerce une influence politique grandissante, qui n’est pas sans provoquer des remous au sein de la classe politique dirigeante. Dans ce bras de fer ouvert, Youcef Chahed est soutenu par le mouvement Ennahdha qui menace de se retirer de la coalition gouvernementale si le chef du gouvernement est forcé à la démission.
Or, quelle que soit l’issue de la crise, les islamistes s’en sortent d’ores et déjà renforcés et font tout pour approfondir les lignes de fracture. Largement vainqueurs aux élections locales de mai dernier, les partisans de Rached Ghannouchi s’approchaient à grands pas du pouvoir, tout en continuant à siéger au gouvernement et à prôner l’ouverture idéologique, en annonçant même solennellement avoir rompu avec l’islam politique et la doctrine des Frères musulmans dont ils se revendiquaient.
R. M.
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