Des sources irakiennes : «L’incident du match a été fomenté par Bagdad»
Par R. Mahmoudi – De nombreux observateurs irakiens révèlent que l’incident diplomatique provoqué par le retrait de l’équipe des Forces aériennes du match qui les opposait à l’USM Alger, dimanche dernier au stade de Bologhine, a été commandité pour des besoins de propagande de politique interne. Devant l’exacerbation de la crise gouvernementale, aggravée par les troubles qui viennent de secouer la ville de Bassora, les dirigeants irakiens ont voulu détourner l’opinion publique en l’occupant momentanément par un sujet tout à fait marginal.
C’est ce que pense un haut cadre du ministère des Affaires étrangères qui, dans une déclaration au journal arabe Al-Araby Al-Jadid, estime que «les incidents de ce genre ont toujours existé, mais n’ont jamais été pris en compte. Or, le gouvernement et les partis politiques veulent aujourd’hui en faire une affaire d’attaque confessionnelle pour détourner les regards des événements de Bassora». Et de poursuivre : «Cet incident ne mérite certainement pas tout le tapage qui est fait autour en Irak ; c’est plutôt une crise montée de toutes pièces par des acteurs politiques et gouvernementaux irakiens.»
Le même responsable reconnaît que «le témoignage de l’ambassade d’Irak en Algérie a confirmé le bon accueil et l’hospitalité qui ont été réservés à l’équipe irakienne» et que «les slogans n’étaient pas dirigés contre une communauté irakienne précise». Rejoignant le président de l’USMA, Abdelhakim Serrar, le haut cadre irakien juge que «le match aurait pu se poursuivre, surtout qu’il n’y avait aucune menace qui pesait sur l’équipe irakienne».
Allant dans le même sens, un député du groupe parlementaire Al-Qarar considère que la façon dont a été traitée cette affaire par les politiques irakiens «est loin d’être professionnelle». Il estime, lui aussi, que ce qui a motivé cette campagne médiatique autour du match disputé à Alger, «c’est d’abord le besoin d’attiser le sentiment communautariste pour gagner le soutien d’une communauté». Le député fait allusion aux divisions actuelles dans les rangs de la communauté chiite irakienne suite aux dernières émeutes de Bassora, où le consulat d’Iran a été incendié par des manifestants chiites du clan de Moqtada Sadr.
Pour le député irakien, les décideurs politiques ont utilisé l’incident du match «comme un parechoc en vue d’atténuer les pressions grandissantes qui s’exercent sur eux». Il appelle, enfin, le gouvernement et les partis pro-pouvoir à «se ressaisir» et à «faire preuve de raison dans la gestion des affaires du pays, en améliorant ses relations avec son entourage arabe».
R. M.
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