Comment l’UE se sert des migrants pour imposer son hégémonie en Méditerranée
Par Sadek Sahraoui – Sous le prétexte de lutter contre l’immigration clandestine, les forces navales européennes opèrent de plus en plus dans les eaux territoriales de nos voisins tunisiens et libyens sans en avoir l’autorisation. Ces incursions répétées qui se font sous la couverture de l’«Opération Sophia» sont perçues par la classe politique tunisienne comme une violation de leur souveraineté et une manière pour l’Union européenne d’imposer progressivement son hégémonie en Méditerranée.
Le député tunisien Riadh Jaïdane a, selon la presse locale, attiré, hier, l’attention sur le fait qu’«à ce rythme il n’est pas impossible qu’ils se permettent, dans un proche avenir, d’intervenir sur les côtes tunisiennes, sous la bannière de la lutte contre le terrorisme». Aussi a-t-il a demandé aux autorités tunisiennes d’intervenir auprès des Etats européens afin d’obtenir des explications. Les Libyens ont adressé à de nombreuses fois aussi les mêmes reproches à Bruxelles.
Le Conseil de l’Union européenne a, rappelle-t-on, prorogé, en juillet dernier, jusqu’au 31 décembre 2018 le mandat de la mission Sophia, l’opération navale européenne qui a officiellement pour objectif de démanteler le modèle économique des réseaux de trafic de migrants et de traite des êtres humains dans la partie sud de la Méditerranée centrale. L’opération Sophia a également pour mission de contribuer à la mise en œuvre de l’embargo des Nations unies sur les armes, en haute mer, au large des côtes libyennes.
Parallèlement à l’Opération Sophia, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes mène une autre opération en Méditerranée. Baptisée Themis, elle succède à Triton, mise en place en novembre 2014, à l’époque, pour relever l’opération Mare Nostrum de la marine italienne, qui faisait face, seule, à un afflux massif de migrants partant des côtes nord-africaines. Themis a, selon l’agence Frontex, vocation à «aider l’Italie dans les activités de contrôle des frontières».
Cette opération, au-delà de l’immigration clandestine, a également dans son spectre la lutte contre les activités criminelles en mer, en particulier le trafic de drogue, ainsi que le terrorisme dont des actions, notamment de renseignement, destinées à prévenir l’infiltration sur le territoire européen d’individus souhaitant y perpétrer des attentats.
S. S.
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