Les commanditaires des crimes en Algérie jugés à titre posthume ?
Par Kamel M. – C’est parce que Maurice Audin était Français que la France officielle dénonce son assassinat plus de soixante ans après sa disparition qui «reste une zone d’ombre de l’histoire de la guerre d’Algérie», selon le président français.
«Ceux qui, dans la lignée de Pierre Vidal-Naquet, ont enquêté sur l’affaire – historiens, journalistes, documentaristes, etc. – ont minutieusement recoupé les témoignages, les documents, les vraisemblances pour établir un faisceau d’indices concordants. Leurs travaux s’accordent tous à reconnaître que la mort de Maurice Audin a été rendue possible par un système légalement institué qui a favorisé les disparitions et permis la torture à des fins politiques», a-t-il dit.
Emmanuel Macron a affirmé qu’il était temps que la France «accomplisse un travail de vérité sur ce sujet» et reconnu, «au nom de la République française», que Maurice Audin a été torturé, puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile en juin 1957. Macron reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a «néanmoins été rendue possible par un système légalement institué (…) mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale aux forces armées à cette période».
Indirectement, le successeur du socialiste François Hollande pointe un doigt accusateur vers le ministre de l’Intérieur de l’époque, François Mitterrand, qui assume l’entière responsabilité dans les actes de torture et les exécutions qui étaient commises en Algérie durant la guerre de Libération nationale.
Macron, qui a souhaité que «toutes les archives de l’Etat qui concernent les disparus de la guerre d’Algérie puissent être librement consultées et qu’une dérogation générale soit instituée en ce sens», ouvre-t-il la voie à de probables poursuites judiciaires contre les coupables ou a-t-il attendu que tous ne soient plus de ce monde pour reconnaître enfin les faits au nom de l’Etat français ? Un procès à titre posthume est-il possible ?
Pour le président français, «les actes de certains individus ne sauraient peser sur la conscience de tous ceux qui n’en ont pas commis et n’y ont pas souscrit». Il dénonce ainsi des faits «isolés» et, quelque part, innocente la France coloniale qui ne serait pas responsable des crimes contre l’humanité qu’il avait lui-même dénoncés lors de sa visite en Algérie.
K. M.
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