Les rues portant des noms algériens créent un conflit politique en Irak
Par R. Mahmoudi – Le quiproquo provoqué par les slogans scandés à la gloire de Saddam Hussein par des supporters algériens face à une équipe irakienne, dimanche dernier, est venu se greffer à la grave crise politique que traverse actuellement l’Irak.
Ainsi, au moment où les différents groupes parlementaires s’entredéchirent autour de l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale, qui doit intervenir ce samedi, un de ces groupes a profité de cette période de vacance pour tenter de faire passer une proposition de loi portant débaptisation des rues et places publiques portant des noms algériens au niveau de la capitale, Bagdad, en réponse à ce que les politiques irakiens qualifient d’«humiliation» et d’«atteinte à la dignité du peuple irakien».
L’information, annoncée par un député sur une chaîne de télévision locale, a fait des vagues en Algérie. Mais un membre du Conseil du gouvernorat de Bagdad vient de démentir l’information, en affirmant, vendredi à la chaîne russe Russia Today, que le Conseil de Bagdad «n’a ni changé ni n’envisage de changer aucune place ni rue portant le nom de l’Algérie ou celui de ses wilayas». Appelant à faire prévaloir la raison, l’élu irakien ajoutera : «Une petite poignée de supporters ne représente pas l’opinion publique algérienne. Aussi l’Irak est-il un Etat qui a ses institutions et ne peut, de ce fait, être influencé par des slogans ou des propos qui n’appellent pas à la communion entre les deux peuples.»
Pour rappel, un membre de l’Assemblée nationale irakienne, choisi peut-être pour son nom, Fellah Al-Jazaïri, avait révélé, jeudi, que le bureau du Parlement venait d’approuver une proposition présentée par un groupe parlementaire de débaptiser un certain nombre de rues et de places publiques à Bagdad portant le nom «Al-Jazaïer» ou ceux d’autres villes algériennes.
Il a précisé que le nom de la place «Wahran», située dans le quartier populaire à majorité chiite, Sadr City, à l’est de la capitale, s’appellera désormais place «Al-Suqûr» (Faucons) du nom des joueurs de l’équipe des Forces aériennes qui s’est retirée de la fameuse rencontre de football à Alger. Aussi une rue dans le quartier «Al-Hurriya», au nord de Bagdad, portant le nom «Al-Jazaïr», devrait-elle porter, selon le député, le nom d’un des «martyrs» des forces de sécurité irakiennes.
R. M.
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