Pourquoi le Maroc se sent visé par l’exercice de l’ANP «Iktissah 2018»
Par R. Mahmoudi – Réagissant à l’exercice militaire effectué par l’ANP, il y a quelques jours dans la région de Tindouf, de nombreux observateurs marocains y voient «un message clair» adressé à Rabat, suite à l’acquisition par l’armée marocaine d’un lot de chars américains de type Abrahams, dernière génération.
Pour Mohamed Zahraoui, de l’université de Marrakech, le premier visé par ces manœuvres de l’armée algérienne c’est le Maroc, «au vu du timing, du contexte international, régional et interne et, enfin, des armes très sophistiquées utilisées» dans cet exercice «Iktissah 2018». Cet académicien, relayant généralement les thèses du Makhzen, estime que la présence du ministre de la Défense sahraoui à ces manœuvres constitue un autre message codé adressé au royaume du Maroc et à son armée.
Même raisonnement chez Mohamed Akdid, présenté comme un expert des questions sécuritaires et stratégiques, qui, lui, assimile «Iktissah 2018» à «une démonstration de force» de l’Algérie qui veut, selon lui, «apparaître comme la première puissance militaire et économique en Afrique du Nord». Selon cet expert, c’est bien l’arrivée de chars Abrahams au port de Casablanca qui a motivé les Algériens à effectuer ces manœuvres en ce moment précis. Il rappelle que ce marché a été conclu immédiatement après les manœuvres militaires African Lion 2018 auxquelles avaient pris par les Etats-Unis et d’autres puissances occidentales.
Pour cet intervenant marocain, l’exercice militaire algérien près des frontières prouve également que l’Algérie maintient sa doctrine de «guerre froide» avec le voisin de l’Ouest.
Autre lecture développée par les thuriféraires du Makhzen : l’exercice «Iktissah 2018» servirait à envoyer des messages forts à l’interne. Le premier message est celui de prouver que l’institution militaire algérienne «détient toujours les leviers de commandement des affaires du pays, en dépit de la mise à l’écart de plusieurs généraux». Un deuxième message : l’armée algérienne chercherait, à travers de telles initiatives, à détourner l’opinion vers «un ennemi imaginaire», à la fois pour légitimer «sa présence hégémonique» et «reconfigurer la carte des alliances internes».
Les analystes marocains n’excluent pas, à cet effet, que le Maroc programme des manœuvres militaires, bientôt, dans le Sahara pour démontrer ses capacités de défense et «l’état prêt au combat» de ses forces armées.
R. M.
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