Calculs internes
Par Sadek Sahraoui – La visite effectuée lundi 17 septembre par la chancelière Angela Merkel à Alger présente l’avantage de ramener à juste proportion le dossier des Algériens en situation irrégulière en Allemagne.
Contrairement à ce qui se dit ici et là, ils ne sont finalement pas des dizaines ou des centaines de milliers à écumer les rues de Berlin ou de Stuttgart.
Les sans-papiers algériens qui y vivent sont à peine au nombre 4 000, vraiment pas de quoi remettre en cause la sécurité publique allemande ou menacer les équilibres de son marché du travail.
Nous sommes tentés de dire que tout un tintamarre politico-médiatique a été fait pour rien. Ou presque.
Sans nul doute, ce dossier, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, a fait l’objet d’une lamentable surmédiatisation doublée d’une basse exploitation politicienne.
Pourquoi et cela profite à qui ? Il est pratiquement certain aujourd’hui que cette affaire de sans-papiers renvoie plus à des calculs de politique interne qu’à autre chose.
La droite allemande y a vu moyen de discréditer la politique migratoire de Merkel afin de lui barrer la route. La chancelière allemande n’a, de son coté, eu d’autre alternative que se laisser entrainer dans une forme de surenchère et de participer dans la vaste chasse aux migrants ouverte en Europe pour s’assurer un nouveau mandat. Une chasse, faut-il le rappeler, à laquelle ont même contribué de soi-disant intellectuels algériens qui n’ont pas hésité à exploiter honteusement la détresse des migrants arabes et à présenter leurs compatriotes comme d’abominables violeurs pour se faire une place au soleil en Europe.
Tous ces éléments expliquent d’ailleurs pourquoi la chancelière allemande a multiplié ces derniers mois les pressions sur les autorités algériennes, marocaines et tunisiennes pour qu’elles rapatrient au plus vite leurs sans papiers respectifs. Il est certain qu’après son court périple à Alger où elle a reçu la promesse du gouvernement algérien qu’il allait pleinement coopérer dans le règlement de cette question et qu’il allait prendre lui même en charge le retour dans la dignité de « ses enfants », Angela Merkel gagnera quelques petits points dans les sondages. La question pour elle est de savoir maintenant si ce maigre résultat valait vraiment la peine qu’elle renie de la sorte ses valeurs qui l’avaient jusque là distingué de nombreux autres dirigeants européens. Mais au fond on le sait, la politique a partout perdu sa morale.
S. S.
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