L’essentiel à savoir sur la guerre commerciale
Par Ibrahim Habi – Les événements s’enchaînent depuis le début de la guerre commerciale de 2018. Une étude réalisée par Trade Machines offre un résumé synthétique des raisons et enjeux de cette guerre commerciale.
Les droits douaniers sont des mesures tarifaires prises à l’égard des importations d’un pays. Il s’agit de taxer des importations étrangères afin d’augmenter leurs prix et dissuader les acteurs économiques à importer. Cette manœuvre a pour but de protéger les industries nationales en réduisant l’effet de la concurrence. Ainsi, une entreprise préférera se fournir en acier ou aluminium chez un fournisseur national que d’importer les mêmes matières premières.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est en charge des règles commerciales entre les nations ; en rejoignant cette institution, les Etats acceptent d’appliquer des principes de libre-échange. L’application de droits douaniers excessifs et de manière unilatérale est interdite selon les règlements de l’OMC, sauf dans trois cas :
– Augmentation rapide des importations.
– Danger pour la sécurité nationale.
– Dumping.
Prémices d’une guerre commerciale à grande échelle
A la suite d’un rapport commandé début 2018 par l’Administration Trump sur le commerce extérieur, des experts ont affirmé que certains partenaires commerciaux ne jouaient pas le jeu du commerce international de manière équitable et que la dépendance aux importations dans certaines industries stratégiques est un danger pour la sécurité nationale.
C’est de cette manière que la guerre commerciale a débuté.
Afin de redistribuer les cartes de manière plus équitable et de préserver les intérêts américains, le locataire de la Maison-Blanche a décidé d’appliquer des tarifs douaniers sur certains produits (panneaux solaires, machines à laver, acier et aluminium) à ses partenaires commerciaux (Chine, Canada, Mexique, Union européenne). En prenant ces mesures de manière unilatérale et sans l’implication de l’OMC dans le processus, Trump outrepasse les règles de l’organisation et s’expose à des représailles commerciales des autres pays. Qu’à cela ne tienne, l’Administration Trump persiste et signe les décrets, la menace et l’intimidation sont les techniques de négociation préférées du gouvernement depuis qu’il est au pouvoir.
La faible implication de l’OMC est aussi critiquable ; sert-elle vraiment les intérêts de toutes les nations ou seulement ceux du pays fondateur, à savoir les Etats-Unis ? Le gendarme du commerce international a-t-il encore un peu d’autorité ?
Escalade des tensions et des représailles commerciales
La suite des événements, nous la connaissons tous, après des semaines de tensions et d’escalade de crise commerciale, les différents pays décident à leur tour de ne pas se laisser faire. L’UE, menée par M. Juncker, président de la Commission européenne, rencontre M. Trump le 25 juillet ; ils aboutissent à une solution de sortie de crise : les deux partenaires vont s’abstenir d’introduire de nouveaux droits douaniers.
Mais la crise sino-américaine, quant à elle, est loin d’être réglée, alors que des pourparlers étaient annoncés entre Pékin et Washington, Donald Trump met ses menaces à exécution − 10% de droits douaniers supplémentaires sur 200 milliards de dollars d’importation chinoise à partir du 24 septembre − et s’attire les foudres de l’Empire du Milieu.
La Chine ne peut pas se permettre de laisser l’Administration américaine marcher sur ses intérêts commerciaux et menace de ne plus revenir à la table des négociations si les Américains ne montrent pas de signe de bonne foi. Au même moment, elle augmente la pression exercée sur les importations de biens agricoles américains à hauteur de 60 milliards de dollars. Pas plus tard qu’hier, la Chine a liquidé 7,7 milliards de dollars d’obligations dans la dette américaine, cependant elle reste le principal financier de la dette US. Il faut voir cette action comme un résultat de la politique de commerce extérieur des Etats-Unis : sans l’énorme réserve d’argent des Chinois finançant le déficit des Etats-Unis, le pays peut sombrer. Même si Trump se dit confiant dans le fait de gagner cette guerre commerciale car il importe moins, il ne faut pas sous-estimer la Chine, qui a plus de munitions que l’on ne pense.
Une chose est sûre et tout le monde s’accorde à le dire : la guerre commerciale n’est bonne pour aucune économie. Selon la Banque d’Angleterre, si le conflit persiste, toutes les économies du monde enregistreront une perte de PIB.
I. H.
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