Vingt-six harkis seront décorés : le double jeu d’Emmanuel Macron
Par R. Mahmoudi – Une semaine après avoir reconnu la responsabilité de la France dans les tortures commises durant la Guerre d’Algérie et, notamment l’enlèvement et l’assassinat du militant anticolonialiste Maurice Audin, Emmanuel Macron a décidé, comme promis, de décorer une vingtaine de harkis.
Vingt-six anciens supplétifs algériens de l’armée coloniale seront, ainsi, élevés au sein des ordres de la Légion d’honneur et du Mérite. Une décision dont se «félicite» d’ores et déjà Robert Ménard, le maire extrémiste et anti-algérien de Béziers. Celui-ci a décrit l’histoire des harkis comme «une cicatrice mal fermée pour le peuple français».
Pour donner un sens à cette décision, le chef d’Etat français devrait annoncer bientôt la mise en marche de la «caisse d’indemnisation et de solidarité» proposée par un groupe de réflexion, mis en place en août dernier, et qui prévoyait le versement de 40 millions de dollars au profit des harkis et leurs familles.
Il est clair qu’en choisissant ce moment précis pour reconnaître officiellement cette catégorie d’anciens supplétifs de l’armée française et de leur accorder autant de faveurs, en ce moment précis, le président Macron n’a fait aucun cas de la sensibilité des Algériens par rapport à la question des harkis et à leur rôle néfaste pendant la guerre contre le colonialisme français. Car il doit bien être conscient que cette façon d’«équilibrer les concessions» faites aux uns et aux autres risque de se répercuter négativement sur les relations avec l’Algérie, déjà si fragiles.
Pour les observateurs, cet hommage rendu aux harkis, coupables de trahison mais surtout de crimes commis contre leurs concitoyens, est de nature à mettre un frein à toute nouvelle revendication des Algériens pour la reconnaissance des crimes commis par l’armée coloniale française durant l’occupation de l’Algérie. Il n’y aura plus rien à attendre de lui après l’hommage rendu aux porte-étendard de la colonisation.
R. M.
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