Panique à Rabat après l’inauguration du nouveau gazoduc Algérie-Espagne
Par R. Mahmoudi – Le ministre de l’Energie marocain, Aziz Rebbah, a beau jeu de démentir la fermeture du gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, suite à l’inauguration il y a une semaine d’un nouveau gazoduc ne traversant pas le royaume, l’opinion publique et la presse marocaines sont loin d’être rassurées.
Ces inquiétudes ont été aggravées par des informations diffusées par la presse algérienne précisant même la date – 2021 – à laquelle ce gazoduc devrait arrêter de fonctionner. Il va sans dire que, pour les Marocains, une telle décision priverait la trésorerie de leur pays d’une taxe importante.
Or, quel que soit le sort qui sera réservé à ce gazoduc Maghreb-Europe, la mise en marche, à partir de 2020, du nouveau gazoduc, appelé Medgaz, d’une capacité estimée à 8 milliards de mètres cubes, vise à augmenter le volume d’exportation du gaz algérien vers l’Europe. C’est pourquoi l’actuel gazoduc risque, forcément à la longue, de n’avoir plus aucune raison d’être, ce qui pourrait amener Alger à ne plus renouveler son contrat avec le voisin de l’Ouest. Du coup, l’argument avancé par le ministre marocain de l’Energie, selon lequel l’Algérie, le Maroc et l’Espagne auraient besoin de développer leur partenariat dans le domaine du gaz, ne tient plus la route.
Se sentant obligé de se rapprocher d’Alger pour s’assurer du maintien de son approvisionnement en gaz naturel, le gouvernement espagnol a dépêché deux ministres importants en l’espace de quelques semaines à Alger : le ministre de l’Intérieur, suivi du chef de la diplomatie, essentiellement pour relancer ce projet de Medgaz, en donnant l’impression d’avoir décidé de «lâcher» le Maroc.
L’enjeu pour les Espagnols qui importent 57% (18 milliards de mètres cubes) de leurs besoins en gaz d’Algérie, et classés comme deuxièmes plus gros clients de l’Algérie après l’Italie, est d’éviter de dépendre à l’avenir de la Russie, premier fournisseur de l’Europe.
R. M.
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